Selon le rapport annuel sur la dette internationale publié par la Banque mondiale le 3 décembre 2024, la dette extérieure de la Côte d'Ivoire s'élève à 36,548 milliards de dollars (soit environ 22 880 milliards de FCFA) en 2023. Cette somme considérable est répartie entre plusieurs types de créanciers, mettant en lumière une structure financière diversifiée.

Une forte dépendance aux créanciers privés

Près de 48% de la dette extérieure ivoirienne est détenue par des créanciers privés, révélant une dépendance croissante aux marchés financiers internationaux. Parmi cette part, les obligations occupent une place prépondérante avec 28%, tandis que les autres créanciers commerciaux détiennent 20%. 

Cette situation traduit un recours intensif aux émissions obligataires sur les marchés internationaux pour financer des projets structurants. Toutefois, cette dépendance envers les créanciers commerciaux, souvent perçus comme moins flexibles et plus exigeants, peut constituer une source de pression sur la gestion de la dette.

Des créanciers multilatéraux et bilatéraux moins dominants

Les créanciers multilatéraux, tels que la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI), représentent 33% de la dette extérieure. La Banque mondiale, via l'Association internationale de développement (IDA), en détient 13%, tandis que le FMI est responsable de 9%. Ces institutions offrent généralement des conditions de financement avantageuses, notamment des taux d'intérêt bas et des échéances de remboursement plus longues, allégeant ainsi le poids sur le budget national. 

En parallèle, les créanciers bilatéraux détiennent 19% de la dette extérieure, avec une domination notable de la Chine (12%), reflétant des partenariats renforcés dans les infrastructures et les investissements. La France, partenaire historique, représente 5% de cette dette. Bien que ces créanciers offrent souvent des conditions intéressantes, leur contribution reste relativement faible comparée à celle des créanciers privés.

Un modèle économique à surveiller

Si cette structure de la dette a permis à la Côte d'Ivoire de financer des projets ambitieux, elle suscite des interrogations quant à sa soutenabilité à long terme. La forte dépendance aux créanciers privés expose le pays à des risques accrus, notamment en cas de hausse des taux d'intérêt mondiaux ou de crise économique. Contrairement aux institutions multilatérales, les créanciers privés exigent des rendements plus élevés et imposent des délais de remboursement plus stricts.

La gestion de cette dette nécessite une vigilance accrue pour éviter tout risque de surendettement. Bien que la Côte d'Ivoire ait déjà bénéficié de l'annulation partielle de sa dette dans le passé, la croissance rapide de l’endettement, surtout auprès des créanciers privés, pourrait devenir un défi majeur dans les années à venir.