Dans des interviews accordées au Figaro et à Fox News, le président Félix Tshisekedi a levé le voile sur des discussions secrètes avec Washington autour d’un accord minier. « Nous ne voulons plus brader nos ressources. Ce ne sont pas des accords à la va-vite pour, comme je l’ai entendu, sauver le régime », insiste-t-il, en référence aux critiques sur la gestion des contrats passés. 

Covid-19, Trump, Biden : Des négociations en montagnes russes

L’enjeu ? Créer une chaîne de valeur en RDC pour transformer sur place le cobalt, le coltan ou le lithium – des minerais indispensables aux batteries électriques et aux nouvelles technologies. Une stratégie déjà mise en œuvre en 2023 via un accord révisé avec la Chine, principal partenaire minier du pays. « Les entreprises de la Silicon Valley savent de quoi je parle », glisse Tshisekedi, ciblant explicitement les géants américains de la tech. 

La question rwandaise pourrait être la clé de voûte du deal. Le président congolais réclame des sanctions économiques contre Kigali, mais n’exclut pas un soutien militaire américain indirect. « Toutes les options qui amènent vers la paix sont possibles », confie une source proche de la présidence. Une position risquée, alors que les États-Unis entretiennent des relations ambiguës avec Paul Kagame, dirigeant rwandais perçu comme un stabilisateur régional. 

Les pourparlers remontent à 2019, sous l’ère Trump, avant d’être gelés par la pandémie. Relancées avec l’administration Biden, les discussions « reprennent de plus belle » selon le président congolais, qui anticipe même un retour de Donald Trump dans la course. Une temporalité politique qui n’effraie pas Kinshasa : « Peu importe qui sera à la Maison Blanche, nos intérêts restent les mêmes : valoriser nos ressources », martèle une source présidentielle. 

Cobalt, lithium… Les « minerais du futur » attisent les convoitises 

Avec 70 % de la production mondiale de cobalt et d’importants gisements de lithium, la RDC est un pivot de la transition énergétique. Un atout que les États-Unis entendent exploiter pour réduire leur dépendance à la Chine, aujourd’hui maîtresse des chaînes d’approvisionnement. « Les Américains ont compris que sans la RDC, il n’y aura pas de véhicules électriques dominants sur le marché », analyse un citoyen congolais.   Pourtant, l’accord reste flou sur les contreparties promises par Washington. Félix Tshisekedi évoque simplement des « moyens de pression » contre le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir des groupes armés dans l’Est congolais.

La question rwandaise pourrait être la clé de voûte du deal. Le président congolais réclame des sanctions économiques contre Kigali, mais n’exclut pas un soutien militaire américain indirect. « Toutes les options qui amènent vers la paix sont possibles », confie une source proche de la présidence. Une position risquée, alors que les États-Unis entretiennent des relations ambiguës avec Paul Kagame, dirigeant rwandais perçu comme un stabilisateur régional. 

Si cet accord minier s’officialise, il pourrait redessiner les alliances en Afrique centrale. Mais Kinshasa devra naviguer entre deux géants : séduire les États-Unis sans froisser la Chine, qui contrôle encore la majorité des infrastructures minières locales. Comme le résume un diplomate européen : « La RDC joue avec le feu, mais c’est peut-être le prix à payer pour enfin monétiser sa malédiction des ressources. »