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Enquête exclusive

Repos biologique / Fofana Bina (Directeur des Pêches) : « Il n’y aura pas de pénurie de poissons » (Interview)

Publié le :

28 June

par Elvis GOUZA

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La Côte d’Ivoire a institué, à partir du 1ᵉʳ juillet 2023, le "repos biologique" qui est en réalité l'interdiction de toutes sortes de pêches sur les plans d'eaux maritimes. Et ce, pendant deux (2) mois. Dans cette Interview, le Colonel Fofana Bina, Directeur des Pêches au Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, explique les enjeux du repos biologique et rassure par la même occasion qu'il n'aura pas de pénurie de poissons dans le pays.

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La Côte d’Ivoire entame dès le 1er juillet 2023 un processus de repos biologique. Pour le citoyen Lambda, c'est quoi le "repos biologique" ?

Le repos biologique est un mécanisme de gestion qui consiste à arrêter la pêche pendant une période donnée pour que les ressources puissent se constituer.

Cet arrêt de pêche concerne-t-il les pêcheurs industriels ou les pêcheurs artisanaux ?

Pour cette année, l’arrêt de pêche est observé au niveau de la mer. En d’autres termes, le repos biologique concerne les pêcheurs industriels et les pêcheurs artisanaux au niveau maritime. Pour la pêche industrielle et semi-industrielle, la période court du 1er juillet au 31 août 2023, c’est-à-dire deux (2) mois et du 1er juillet au 31 juillet pour les pêcheurs artisanaux au niveau maritime, c'est-à-dire un (01) mois.

Les pêcheurs ne vont plus travailler. Qu’est-ce qui est fait pour les accompagner puisqu’ils observent un arrêt de travail plus ou moins long ?

Cette question nous revient à tout moment. Mais, ce qu’il faut retenir, c’est que cette mesure de fermeture des pêches, nous l’avons instauré dans l’intérêt des pêcheurs. En effet, les statistiques ont montré qu’il y avait une baisse de la production. Il fallait donc prendre des mesures pour préserver, d’abord, l’emploi. Puisque c’est leur travail, il faut faire en sorte qu’ils vivent de cela. En plus de cela, quand la pêche n’est pas bonne, les revenus, aussi, ne sont pas bons.

Donc, entre autre mesure de gestions, il fallait observer le repos biologique qui va améliorer leurs revenus. C’est en fait un sacrifice qu’on demande aux uns et autres, comme on le dit communément, on ne peut faire des omelettes sans casser les œufs. Il n’y a pas de mesure d’accompagnement comme on l’a dit dès le début. C’est leur part de sacrifice pour que leur lendemain soit meilleur.

Est-ce que les syndicats de pêcheurs ne grognent pas puisqu’il n’y a pas de mesure d’accompagnement ?

On a tellement bien expliqué qu’on se dit qu’ils ont bien compris. On a fait plusieurs réunions de sensibilisation sur ce sujet au niveau d’Abidjan. Nous avons également parcouru la zone du littoral pour expliquer le bienfondé aux pêcheurs et à tous les acteurs qui sont au parfum des difficultés qu’ils traversent.

Eux-mêmes constatent chaque jour que les débarquements ne sont plus les mêmes. Il n’y a pas lieu de parler de grogne parce que c’est un sacrifice que tout le monde fait pour que demain soit meilleur.

Durant ce repos biologique, vous l’avez signifié, les pêcheurs sont priés de cesser leurs activités. Est-ce qu’on ne peut pas craindre une pénurie ou un surcoût du poisson sur le marché ivoirien sachant que cette denrée est très prisée en Côte d’Ivoire ?

Merci bien pour cette question. Au niveau de ce problème, il faut dire qu'avant d'instaurer le repos biologique, nous avons commencé sa préparation depuis l’année passée. Sous le contrôle de Monsieur le ministre Sidi Tiémoko Touré, nous n’avons rien négligé. Nous avons fait le point du manque à gagner pendant cette période. Nous savons ce que cela fait.

Nous avons rencontré les importateurs, nous avons sensibilisé les pisciculteurs et nous leur avons dit que durant cette période d’un (1) à deux (2) mois, il n’y aura pas de pêche, ce sera un manque à gagner, donc nous avons demandé aux importateurs d’augmenter leurs importations et nous avons fait comprendre aux aquaculteurs que c’est une opportunité pour eux aussi. C’est à eux de faire en sorte qu’ils puissent écouler leurs produits pendant cette période. On peut rassurer la population qu’il n’y aura pas de pénurie de poissons durant le repos biologique.  Pour éviter le surcoût, des dispositions ont été prises en relation avec le Ministère du Commerce.

Et s’il arrivait qu’un ou plusieurs pêcheurs, loin des regards, partent pêcher durant cette période, qu’est-ce qui va se passer ?

Au niveau de la surveillance, plusieurs mécanismes ont été mis en place. D’abord, il y a nos agents qui sont sur le terrain et qui passent quotidiennement sur les sites de débarquement. Aussi, avons-nous une collaboration avec la marine nationale qui est notre bras armé au niveau de la mer. La marine nationale nous accompagne également sur les sites de débarquement. On organise par ailleurs des missions en mer avec la marine nationale.

Quand nous avons instauré le repos biologique, non seulement, il fallait veiller sur son respect par nos pêcheurs, mais il fallait aussi veiller sur nos frontières pour s’assurer que des bateaux étrangers ne pêchaient pas dans nos eaux. Donc, nous avons déjà organisé une mission en mer avec un patrouilleur de la marine nationale dans la zone maritime Est, c'est-à-dire, la zone frontalière avec le Ghana et nous sommes en train de faire une mission toujours avec la marine du côté Ouest, c’est-à-dire la zone frontalière avec le Libéria.

A ce propos, est-ce que le Ghana et le Libéria observent aussi le repos biologique pour éviter que leurs bateaux se retrouvent dans les eaux ivoiriennes ? 

Depuis 2016, le Ghana observe le repos biologique. C’est une mesure qui avait été initiée par une organisation sous régionale dont nous sommes tous membres. Malheureusement, le Libéria n’a pas encore commencé l’observation du repos biologique.

En ce qui concerne la pêche industrielle, les bateaux vont souvent à des dizaines voire des centaines de kilomètres des côtes. Est-ce que la marine nationale a les moyens de les traquer ou de les surveiller ?

Au niveau des grands bateaux, la marine nationale, depuis 2010, est équipée. Je n’entrerai pas dans les détails parce que c’est une force militaire. En dehors même de l’accompagnement de la marine nationale, nous-mêmes, Ministères des Ressources Animales et Halieutiques, nous avons un système satellitaire qui nous permet de suivre les navires partout dans notre zone économique exclusive. On peut ne pas aller avec la marine nationale, rester sur terre et détecter que quelqu’un est parti en mer et nous allons l’attendre à terre pour pouvoir l'interpeler et le sanctionner.

Concernant justement les sanctions, Colonel, que prévoit la loi ?

La loi est claire là-dessous. Toute personne qu’on prendra en train de pêcher durant la période de repos biologique sera sous le coup de la loi parce qu’il n’y a pas d’autorisation valable. Car toutes les autorisations que nous avons délivrées pour l’année 2023, il est spécifié là-dessus qu’elles ne sont pas valables pendant la période de repos biologique. Si on vous surprend en train de pêcher, cela veut dire que vous pêchez sans autorisation et vous tombez sous le coup de la loi. L’amende est assez conséquente. Si c’est au niveau de la pêche industrielle, elle va de cinquante millions (50 000 000) de FCFA à trois cents millions (300 000 000) de francs CFA et une peine d’emprisonnement d’un (1) à cinq (5) ans. Donc je pense que personne ne prendra le risque de s’exposer à ce genre de peine.

Merci mon Colonel pour mes informations

C'est moi qui vous remercie.


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Article rédigé par

Elvis GOUZA

Journaliste Reporter

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