Dans une interview exclusive accordée à la DW, il a exprimé ses inquiétudes face à l’escalade des attaques terroristes au Burkina Faso, au Mali et au Niger, regrettant le départ de ces pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). « Ils pensent que notre organisation les a abandonnés, et je pense que nous devons leur faire changer ce discours », a déclaré John Mahama Dramani.

La diplomatie comme clé de la stabilité

Mahama, qui a déjà occupé le poste de président de la CEDEAO, prône un retour à la diplomatie pour résoudre les crises actuelles. Revenant sur son expérience passée, il a rappelé comment la gestion des troubles civils au Burkina Faso sous Blaise Compaoré avait permis d’éviter une escalade. « Quand j’étais président de la Cédéao, nous avons affronté la crise différemment. Nous avons toujours menacé de sanctions, mais nous ne les appliquions pas systématiquement », explique-t-il.

« Nous devons apporter au Burkina Faso, au Mali et au Niger tout le soutien dont ils ont besoin. Sinon, cette crise s’étendra inévitablement à d’autres pays, comme nous l’avons déjà vu avec les incursions dans le nord du Togo. » poursuit-il

En 2014, Mahama, accompagné des présidents Macky Sall et Yayi Boni, avait mené une médiation directe avec les militaires burkinabés. « Nous avons réussi à négocier un programme de transition incluant une révision constitutionnelle, un président civil et un Premier ministre militaire. Cela a conduit à des élections démocratiques, et Roch Kaboré a été élu ». Pour Mahama, cette méthode de dialogue et de compromis reste essentielle : « Nous devons recourir à la diplomatie pour tenter de ramener ces pays au bercail. »

La situation sécuritaire du Sahel pris au sérieux

La situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest, notamment au Ghana, demeure préoccupante. « Si l'on examine toutes les évaluations des risques, on s'aperçoit que le Ghana est dans une situation très difficile. Nous devons donc travailler aussi vite que possible », alerte-t-il. Mahama cite un proverbe africain pour illustrer l’urgence d’une action collective : « Lorsque la maison de votre voisin brûle, vous devez l’aider à éteindre le feu. Sinon, lorsque le feu aura ravagé sa maison, il s’étendra à la vôtre. »

Le président élu insiste sur l’importance d’une coopération régionale accrue pour contrer la menace terroriste : « Nous devons apporter au Burkina Faso, au Mali et au Niger tout le soutien dont ils ont besoin. Sinon, cette crise s’étendra inévitablement à d’autres pays, comme nous l’avons déjà vu avec les incursions dans le nord du Togo. »

Le Ghanéen en intrépide panafricaniste

John Mahama souhaite que son mandat soit marqué par une action proactive pour renforcer les liens entre les nations de la sous-région. « La sécurité de l’Afrique de l’Ouest est une responsabilité collective », martèle-t-il, appelant à une révision des relations entre la Cédéao et les pays du Sahel. Alors qu’il s’apprête à entrer en fonction, ses propos résonnent comme un appel à l’unité et à la solidarité face à des défis communs. Le succès de ses initiatives dépendra cependant de sa capacité à convaincre ses homologues et à obtenir le soutien des populations locales.

Pendant que l’Alliance des États du Sahel réaffirme sa décision de ne pas retourner dans la CEDEAO, elle reçoit un soutien stratégique du Royaume chérifien.
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— linfodrome.com (@Linfodrome) December 19, 2024