Un acte de reconnaissance pour honorer l’ancien président burkinabè, assassiné en 1987 et longtemps censuré sous le régime de Blaise Compaoré. Deux films lui rendent hommage cette année : « Twaaga », un court métrage du Burkinabè Cédric Ido, et « Capitaine Thomas Sankara », un documentaire du Suisse-Burkinabè Christophe Cupelin, initialement rejeté en 2013 mais désormais acclamé. 

Isidore Noel Thomas Sankara : Le visionnaire qui a transformé le cinéma en arme politique

Bassirou Sanogo, historien du cinéma et ancien collaborateur de Sankara, revient sur l’héritage du révolutionnaire. « Il avait une vision progressiste et panafricaniste de la culture », explique-t-il à « Lefaso.net ». Dès les années 1980, Thomas Sankara, alors secrétaire d’État à l’information, défendait une médiatisation « au service du peuple ». En 1982, lors d’un discours marquant, il lançait : « Malheur à ceux qui bâillonnent leurs peuples », posant les bases d’un cinéma engagé. 

Sous son impulsion, Ouagadougou devient un hub culturel : création de la Semaine nationale de la culture (SNC), du Salon international de l’artisanat (SIAO), et surtout, l’installation du siège de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) en 1985. « Grâce à Sankara, des géants comme Sembène Ousmane ou Med Hondo ont fait rayonner le FESPACO », souligne Sanogo. 

Sarraounia et les 800 millions de francs : Quand le Burkina investissait dans l’histoire 

Le film « Sarraounia », réalisé par Med Hondo en 1986, symbolise l’engagement financier sans précédent de Sankara pour le cinéma africain. Le Burkina a injecté 800 millions de francs CFA dans ce projet, tourné au Niger et sur son sol. « Ce film était un acte politique », rappelle Sanogo. « Noel Sankara voyait le cinéma comme un outil d’éducation et d’émancipation des masses ». Une philosophie qui a attiré des cinéastes du monde entier au FESPACO, consolidant son statut de vitrine panafricaine. 

En 1989, deux ans après l’assassinat de Sankara, le FESPACO a frôlé la crise. Des cinéastes exigèrent de se recueillir sur sa tombe à Dagnoën, une requête rejetée par Blaise Compaoré. « Le festival était menacé », se souvient Sanogo. Un comité, incluant des figures comme Patrick Ilboudo, a négocié avec Compaoré : « Nous lui avons dit : Nous n’avons pas le droit de détruire un patrimoine que nous n’avons pas créé ». Contraint, Compaoré céda. Les réalisateurs purent rendre hommage, sauvant l’édition. 

Avec des ateliers, des marchés de coproduction et un focus sur la diaspora, le FESPACO 2025 veut incarner la renaissance culturelle voulue par Sankara. « Le festival n’est pas qu’une compétition, c’est un acte de résistance », insiste un organisateur. Si La création du prix Sankara rappelle que le cinéma africain reste un terrain de lutte et d’espoir. 

Le président Tchadien Mahamat Deby Idriss Itno a visité le Mémorial Thomas Sankara.
"Le président thomas Sankara a su être l'artisan d'une révolution économique, sociale et culturelle qui a transformé et fait du Burkina Faso, une grande nation" a-t-il dit. #FESPACO2025 #Tchad pic.twitter.com/Y4aQTuUCdE

— Abakar Moussa Mahamat ✍️ (@AbakarMoussaMa7) February 22, 2025