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La Russie en Afrique : un partenariat trompeur que veut masquer Tatiana Dovgalenko - Opinion

Publié le :

13 March

par Adolphe ANGOUA

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Dans une interview publiée le 4 mars 2025 par Jeune Afrique Tatiana Dovgalenko, responsable du Département pour le partenariat avec l’Afrique au sein du ministère russe des Affaires étrangères, défend la stratégie africaine de la Russie. Elle affirme que Moscou soutient « des solutions africaines aux problèmes africains ». Elle rejette les accusations de prédation économique, soulignant que la Russie n’a « jamais exploité les peuples africains ». Elle critique vivement la France, accusée d’arrogance et de néocolonialisme, et se félicite que les pays africains n’aient pas soutenu les sanctions contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine.

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Dovgalenko insiste sur le rôle de la Russie dans la construction d’infrastructures en Afrique depuis les indépendances, citant des centrales électriques, des raffineries et des systèmes d’irrigation. Elle évoque également la coopération sécuritaire avec les pays du Sahel, notamment à travers l’Alliance des États du Sahel (AES), et rejette les accusations selon lesquelles la Russie manipule les médias africains pour affaiblir la France. Elle affirme que l’affaiblissement de la France en Afrique est le résultat de ses propres erreurs, et non d’une ingérence russe.

Le renforcement d’une coopération multidimensionnelle

Enfin, elle annonce que le prochain sommet Russie-Afrique aura lieu en 2026, soulignant que ces sommets visent à renforcer une coopération multidimensionnelle. Elle rejette également les allégations selon lesquelles la Russie recrute des Africains pour combattre en Ukraine, qualifiant ces accusations de « désinformation ».

L’interview de Tatiana Dovgalenko dans Jeune Afrique présente une vision idéalisée de la politique africaine de la Russie, mais elle occulte habilement les réalités moins glorieuses de cette stratégie. La Russie se présente comme un allié désintéressé de l’Afrique, prônant la souveraineté africaine et rejetant les accusations de prédation économique. Cependant, cette rhétorique masque mal une réalité bien différente : la Russie, comme les autres puissances, cherche avant tout à tirer profit de l’Afrique, et ses méthodes ne sont pas toujours loyales.

La Russie et les mercenaires : une présence toxique ?

Dovgalenko affirme que la Russie n’a « jamais exploité les peuples africains » et qu’elle soutient les « solutions africaines aux problèmes africains ». Pourtant, la présence des mercenaires du groupe Africa Corps (ex-Wagner) en Afrique contredit cette affirmation. Ces mercenaires, souvent impliqués dans des violations des droits de l’homme, servent les intérêts russes en échange de ressources naturelles et de contrats miniers. Par exemple, au Mali et en Centrafrique, ils ont été accusés de commettre des exactions contre les populations civiles, tout en garantissant l’accès de Moscou aux ressources locales. Cette pratique, loin de soutenir la souveraineté africaine, renforce les régimes autoritaires et déstabilise les régions où ils opèrent.

Dovgalenko critique la France, accusée d’arrogance et de néocolonialisme, et affirme que l’affaiblissement de la France en Afrique est le résultat de ses propres erreurs. Si la France a effectivement commis des erreurs dans sa politique africaine, la Russie ne propose pas une alternative plus vertueuse. Elle exploite les frustrations africaines pour se positionner comme un partenaire de choix, tout en signant des contrats déséquilibrés dans les secteurs miniers, pétroliers et militaires. Ces accords, souvent opaques, profitent davantage aux entreprises russes qu’aux économies locales. Par exemple, en Centrafrique, les contrats signés avec des entreprises russes ont été critiqués pour leur manque de transparence et leur impact limité sur le développement local.

La désinformation et la manipulation de l’opinion publique

Dovgalenko rejette les accusations selon lesquelles la Russie manipule les médias africains pour affaiblir la France. Pourtant, la Russie utilise des campagnes de désinformation et d’influence pour manipuler l’opinion publique africaine. Elle finance des médias et des réseaux sociaux pour diffuser des récits favorables à ses intérêts, tout en diabolisant les autres puissances. Cette stratégie, bien que efficace, ne sert pas les intérêts à long terme des Africains. Elle vise simplement à créer un climat de méfiance envers les partenaires traditionnels de l’Afrique, comme la France, pour mieux asseoir l’influence russe.

Dovgalenko vante la coopération sécuritaire entre la Russie et les pays du Sahel, notamment à travers l’Alliance des États du Sahel (AES). Elle affirme que la Russie contribue à renforcer les capacités antiterroristes de ces pays. Cependant, cette coopération s’accompagne souvent de l’implantation de mercenaires russes, qui agissent en dehors de tout cadre légal international. Par exemple, au Mali, la présence des mercenaires russes a été associée à une augmentation des violations des droits de l’homme et à une détérioration de la situation sécuritaire. Cette présence ne sert pas les intérêts des populations locales, mais plutôt ceux de Moscou, qui cherche à étendre son influence dans la région.

Une rhétorique de souveraineté qui cache des intérêts économiques

Dovgalenko insiste sur le rôle de la Russie dans la construction d’infrastructures en Afrique depuis les indépendances, citant des centrales électriques, des raffineries et des systèmes d’irrigation. Cependant, ces projets sont souvent liés à des accords commerciaux déséquilibrés, qui profitent davantage aux entreprises russes qu’aux économies locales. Par exemple, en Guinée, les contrats signés avec des entreprises russes pour l’exploitation de mines de bauxite ont été critiqués pour leur manque de transparence et leur impact limité sur le développement local. La Russie ne vient pas en Afrique par philanthropie, mais pour exploiter ses ressources naturelles et étendre son influence géopolitique.

Une position ambiguë sur les droits de l’homme et la démocratie

Dovgalenko rejette les accusations selon lesquelles la Russie ne se soucie pas des droits de l’homme et de la démocratie en Afrique. Pourtant, la Russie soutient souvent des régimes autoritaires et répressifs, en échange de contrats commerciaux et de soutien politique. Par exemple, en Soudan, la Russie a soutenu le régime d’Omar el-Béchir, malgré les violations massives des droits de l’homme commises par son gouvernement. Cette position contraste fortement avec les principes de souveraineté et de respect mutuel que la Russie prétend défendre.

La Russie ne vient pas en Afrique par philanthropie. Elle utilise des méthodes allant de l’emploi de mercenaires à la manipulation de l’opinion publique, pour servir ses propres intérêts économiques et géopolitiques. Les Africains doivent rester vigilants face à cette nouvelle forme de prédation, qui, sous couvert de partenariat, ne fait que perpétuer les déséquilibres et les dépendances. La véritable souveraineté africaine ne pourra se construire qu’en évitant de tomber dans les pièges tendus par les puissances étrangères, qu’elles soient occidentales ou russes.

Par Charles Kouassi


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Article rédigé par

Adolphe ANGOUA

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