Le « pacte vert » africain prend forme avec pour ambition d'éradiquer les énergies fossiles et de faire des renouvelables le moteur économique du continent. Lancé officiellement le 17 mars 2025, le programme Transition énergétique pour l’Afrique (AFRETRAP) vise à accélérer l’abandon du charbon, du pétrole et du gaz au profit d’énergies propres. « C’est une reconnaissance de notre potentiel, mais aussi un défi sans précédent », explique Ralainirina Paul Bert, ministre malgache de l’Énergie, joint par nos soins. 

Madagascar, futur hub solaire et éolien de l’océan Indien ?

Chaque pays pilote devra élaborer d’ici 2026 une feuille de route sur mesure. Au menu : mix énergétique décarboné, financements innovants et transfert de technologies. « L’Afrique ne veut plus être spectatrice de sa propre transition. Avec AFRETRAP, nous reprenons la main », insiste Amani Abou-Zeid, commissaire de l’UA chargée de l’énergie. 

Si le Botswana mise sur l’hydrogène vert et la Gambie sur la biomasse, Madagascar table sur ses atouts naturels. L’île dispose d’un ensoleillement parmi les plus élevés au monde, de vents côtiers constants et d’un potentiel hydroélectrique sous-exploité. « Nous avons tout pour devenir un modèle, mais les infrastructures manquent », reconnaît Tahina Randriamboavonjy, expert énergétique au WWF Madagascar. 

Le pays ambitionne de passer de 30 % à 80 % d’énergies renouvelables d’ici 2035. Un projet colossal, alors que seuls 15 % des Malgaches ont actuellement accès à l’électricité. « La transition doit être sociale, pas seulement technologique. L’énergie propre doit d’abord profiter à nos villages isolés », plaide Voahangy Rasata, entrepreneuse dans le solaire off-grid. 

Malgré l’enthousiasme, les obstacles sont de taille. Le financement reste flou : l’UA évoque des « partenariats public-privé » et un fonds dédié, mais aucun montant n’est fixé. « Sans aide internationale, ce projet restera un vœu pieux », avertit Jean-Claude Rabemanantsoa, économiste à Antananarivo. Autre écueil : la dépendance aux donateurs. « Les bailleurs imposent souvent leurs technologies. Nous voulons des solutions adaptées à nos réalités locales », martèle le ministre Ralainirina. Enfin, la corruption endémique et l’instabilité politique pourraient ralentir les avancées. 

L’Afrique ne sera plus la oubliée de la transition 

Malgré ces défis, l’optimisme domine. « Ce programme est une chance de réinventer notre économie. Imaginez : exporter de l’électricité verte vers les îles voisines ou alimenter des data centers avec du solaire ! », s’enthousiasme Tahina Randriamboavonjy. 

L’UA promet un premier bilan en 2027. En attendant, Madagascar multiplie les gestes symboliques : interdiction des centrales à charbon, exonérations fiscales pour les startups vertes… « Nous ne pouvons plus attendre. Le changement climatique frappe nos récoltes, nos côtes. L’énergie propre, c’est une question de survie », conclut Voahangy Rasata. 

Avec AFRETRAP, le continent envoie un signal fort : il compte bien peser dans la géopolitique de l’énergie. Reste à transformer l’essai. Comme le résume un diplomate européen sous couvert d’anonymat : « Madagascar a les ressources, mais le temps presse. Le monde regarde. » 

En Afrique, 🇲🇬#Madagascar a été choisi comme pays pilote pour la transition énergétique. Aux côtés du 🇧🇼#Botswana et de la 🇬🇲#Gambie, le pays jouera un rôle clé dans la mise en œuvre du Programme africain de transition énergétique (#AFRETRAP), initié par l'Union africaine (#UA)… pic.twitter.com/weePnO56v8

— #AFRICA24 (@AFRICA24TV) March 19, 2025