Les disparitions ont eu lieu au Centre national de presse Norbert Zongo et elles visaient Guézouma Sanogo et Boukari Ouoba, respectivement président et vice-président de l'Association des journalistes du Faso.

Ces nouvelles disparitions s’ajoutent à celles de la semaine dernière, qui ont visé plusieurs membres du mouvement politique SENS. En l’espace d’une semaine, au moins sept personnes, perçues comme des voix critiques des autorités burkinabè, ont été enlevées au Burkina Faso.

Connu pour son professionnalisme et son absence de prises de parole publiques, Barry est une figure respectée du journalisme burkinabè. Ancien du Journal L’Événement (fondé par Norbert Zongo), cofondateur du média Mutations, et consultant en communication sociale, il incarnait l’intégrité.

🔴 URGENT – VIDEO 🎥

Un journaliste de CNews a été pris à partie par des manifestants et des migrants devant la Gaîté Lyrique. pic.twitter.com/VZDEnZMnft

— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) March 14, 2025

Son enlèvement du journaliste survient quatre jours après la publication d’une déclaration explosive du mouvement SENS sur les massacres de civils peuls à Solenzo, attribués à des forces pro-gouvernementales. 

Solenzo : Un carnage qui accuse l’État 

Le 14 mars, le mouvement SENS publiait un texte accablant, dénonçant les attaques du 11 mars 2025 dans la province des Banwa. Des vidéos insoutenables montrent des miliciens Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et des membres du Bataillon d’intervention rapide (BIR) exécutant des enfants, des femmes et des personnes âgées.

« Des dizaines de corps inertes jonchent le sol », décrit la déclaration. Le mouvement interroge : « Comment justifier ces expéditions punitives contre des civils dont le seul crime est leur appartenance ethnique ? Pourquoi le silence du gouvernement ? » 

Ces massacres s’ajoutent à une liste macabre : Karma (150 morts en 2023), Zaongo (100 exécutés), Soro (220 morts), ou encore Gayéri et Sé. Entre 2023 et 2025, près de 500 civils ont été tués dans des opérations impliquant armée et milices. 

Le gouvernement Traoré face à ses contradictions

Le mouvement SENS pointe un silence coupable des autorités. Alors que le président Ibrahim Traoré est « constitutionnellement garant de la sécurité », aucune enquête indépendante n’a été ouverte sur ces crimes. Pire : les VDP, milices créées pour lutter contre le terrorisme, sont régulièrement accusés de violences communautaires.

La déclaration souligne :  « Un pays qui assiste aux massacres de femmes et d’enfants sans réagir n’a pas d’avenir. Aucune civilisation ne peut tolérer cela. »  Les auteurs appellent à une stratégie militaire recadrée et à des enquêtes impartiales. Mais dans un contexte de guerre contre le terrorisme, les critiques envers l’armée sont souvent étouffées.