Deux figures politiques semblent dominer la course : le président sortant, le général Brice Clotaire Oligui Nguéma, largement favori, et son principal adversaire, Alain Claude Bilie-By-Nzé, ancien Premier ministre du président déchu Ali Bongo Ondimba.

Un scrutin inédit depuis la fin de l'ère Bongo

Le général Nguéma peut compter sur le soutien de plusieurs formations politiques majeures, notamment le Parti démocratique gabonais (PDG) ainsi que des figures de poids telles que Paul Missambo (Union nationale), Raymond Ndong Sima (Premier ministre de transition) et Alexandre Hughes Barro Chambrier (RPM).

Les autres candidats, moins connus du grand public, incluent Joseph Lapensée Essingone, Germain Stéphane Iloko Boussengui, Thierry Yvon Michel Ngoma, Axel Stophène Ibinga Ibinga, Alain Simplice Boungoueres et Zenaba Chaning Gninga.

Pour la première fois depuis 1967, une élection présidentielle au Gabon se déroule sans la présence d'un membre de la dynastie Bongo. Le coup d'état du 30 août 2023, mené par Oligui Nguéma, a ouvert la voie à une nouvelle étape de la vie politique gabonaise.

Avec une population de 2,3 millions d'habitants et environ 800 000 électeurs inscrits, ce scrutin marque une transition décisive pour un pays encore confronté à d'importantes inégalités sociales.

Les principaux enjeux du scrutin incluent la lutte contre le chômage, la diversification économique pour réduire la dépendance au pétrole, l'amélioration des infrastructures et la lutte contre la corruption. Selon la Banque mondiale, près d'un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, une situation plus critique encore dans les zones rurales.

Un code électoral révisé et des règles inédites

La mise en place du nouveau code électoral en janvier 2025 a introduit plusieurs changements majeurs. Pour la première fois, les militaires et les magistrats peuvent prétendre à la présidence, à condition d'être mis en disponibilité. C'est dans ce contexte que le général Oligui Nguéma a officiellement annoncé sa candidature.

Autre nouveauté : l'élection se déroulera sans un candidat du PDG, ex-parti au pouvoir, qui a perdu de nombreux cadres influents après le coup d'état. « Il n'y a personne pour vraiment incarner l'opposition », analyse Bergès Mietté, professeur à l'Université Internationale de Libreville. « Cette élection devrait être très peu disputée », ajoute-t-il, soulignant la popularité du général Nguéma depuis la chute du régime Bongo.

Qui sont les candidats en lice ?

En tête de liste, Brice Clotaire Oligui Nguéma, actuel président de transition, espère voir son mandat prolongé par les urnes. Face à lui, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, ancien Premier ministre d'Ali Bongo, se présente comme l'unique adversaire capable de rivaliser avec l'homme fort du pays.

Parmi les outsiders, Joseph Lapensée Essingone, inspecteur des impôts issu de la diaspora, veut incarner une "rupture" dans la politique gabonaise. Germain Stéphane Iloko Boussengui, médecin et ancien proche d'Ali Bongo, se distingue par un programme axé sur la santé et l'éducation. Thierry Yvon Michel Ngoma, candidat malheureux de la présidentielle de 2023 annulée par le putsch, remet son programme social au centre des débats.

Axel Stophène Ibinga Ibinga, entrepreneur, fait campagne sur la création d'emplois et la dynamisation de l'économie. Alain Simplice Boungoueres, ex-membre du PDG, surprend en se positionnant en réformateur. Enfin, la seule femme candidate, Zenaba Gninga Chaning, prône "un Gabon solidaire et prospère", mettant l'accent sur la réduction des dépenses publiques et le soutien aux jeunes.

Quel mode de scrutin ?

L'élection suit un système à deux tours. Si aucun candidat ne recueille plus de 50,05 % des suffrages au premier tour, un second tour opposera les deux mieux placés. La durée du mandat présidentiel a été portée de cinq à sept ans, renouvelable une seule fois.

Avec une campagne réduite à deux semaines, les candidats doivent convaincre rapidement. Les résultats provisoires sont attendus quelques jours après le scrutin, avec validation finale par la Cour constitutionnelle.

La transition politique en cours, l'absence de la dynastie Bongo et l'émergence de nouveaux visages laissent entrevoir une recomposition profonde du paysage politique. Toutefois, l'écart entre les favoris et les autres candidats suscite des interrogations sur la véritable compétition de ce scrutin.