Depuis le lancement en 2013 de la « Belt and Road Initiative » (BRI), les entreprises chinoises se multiplient à l'international, exposées à des risques accrus : terrorisme, instabilité politique, piraterie, xénophobie… En réponse, Pékin opte pour une solution à mi-chemin entre puissance douce et dissuasion : les SMP. « Le gouvernement exerce des pressions pour que des SMP nationales soient engagées », souligne un rapport du Mercator Institute for China Studies (Merics).

Une Chine se muscle discrètement sa présence militaire

D’après diverses estimations, 30 à 40 SMP chinoises opèrent aujourd’hui dans plus de 40 pays. Si certaines comme China Overseas Security Group ou China Security and Protection Group comptent plusieurs dizaines de milliers d’agents, leur présence reste difficile à quantifier. Les sociétés privées assurent la protection de personnels et d’infrastructures, escorter des convois, proposer des audits de sécurité, mais aussi des services plus offensifs comme le renseignement ou la cybersécurité.

Certaines vont jusqu’à collaborer avec les armées locales, comme au Soudan (2012), en Irak (2014) ou au Soudan du Sud (2016). L’essor des SMP remonte à la légalisation du secteur en 2009. En 2013, on recensait déjà 4 000 sociétés privées de sécurité, soumises à un encadrement strict. En 2018, la Chine durcit encore le cadre en imposant que les SMP opérant à l’étranger soient détenues à 51 % minimum par l’État.

Selon l’Oxus Society, ces sociétés sont perçues comme des « acteurs incontournables » de la stratégie internationale chinoise. Elles doivent collaborer avec les ambassades et mettre en place des mécanismes d’urgence. Une manière pour Pékin de garder la main, tout en évitant une intervention militaire officielle.

Une frontière floue entre privé et public

La majorité des SMP chinoises sont dirigées par d’anciens militaires ou policiers, entretenant des liens étroits avec les autorités. « Cela fait d’eux des acteurs quasi gouvernementaux dont le comportement n’est pas clairement réglementé », expliquent les experts du Merics.

Cette ambiguïté est stratégique. Elle permet à Pékin de projeter sa force sans mobiliser l’armée officielle, comme le résume le Center for Strategic & International Studies (CSIS) : « C’est un outil pour renforcer sa présence, tout en contournant les règles internationales et nationales. »  En Birmanie, une société de sécurité sino-birmane a vu le jour en octobre 2024, suscitant des accusations de violation de souveraineté, alors que le pays est en guerre civile.

Au Pakistan, le déploiement en mars 2025 d’agents de trois SMP chinoises marque un tournant : jusque-là, elles s’appuyaient uniquement sur des partenariats locaux. À l’heure où les États évitent les confrontations directes, les SMP permettent à la Chine de sécuriser ses investissements, renforcer ses alliances et façonner un réseau d’influence parallèle, sans armes étatiques apparentes.

L'essor des sociétés militaires privées chinoises pour protéger les intérêts de la Chine à l'international https://t.co/1Z0ZO0TkLK @RFI pic.twitter.com/wVshJDWGKi

— L'important (@Limportant_fr) April 15, 2025