Si un groupe d’écolos a pu s’exprimer, pacifiquement et dans le calme, place de la République, un autre, en revanche, formé d’individus cagoulés et munis de projectiles (bouteilles, pierres, objets divers) s’en est pris aux forces de l’ordre. Aux environs de midi, il y avait une notable tension place de la République. Les policiers, pris à partie, ont répliqué par des jets de gaz lacrymogène, dispersant des activistes qui fustigeaient un « Etat policier ». En raison de l’état d’urgence décrété suite aux attentats du 13 novembre à Paris et Saint Denis, les rassemblements sont interdits dans la capitale française. La mesure n’est pas du goût de défenseurs du climat à l’origine d’échauffourées avec les policiers. L’atmosphère était à ce point tendue place de la République que dans l’après-midi plusieurs lignes de métro avaient été suspendues. Les affrontements activistes-forces de l’ordre ont débouché sur une centaine d’interpellations. Mais il serait ingrat de ne retenir que l’action bruyante et subversive des Anti-Cop 21 (lire « Contre la police 21 ») de loin minoritaires aux pacifistes qui, tôt dimanche matin, ont déposé des milliers de chaussures place de la République. Ces chaussures symbolisaient la marche en faveur du climat qui était prévue mais qui a été finalement annulée à cause de l’état d’urgence. Les initiateurs ont orienté toutes les chaussures vers la place de la Nation où la marche pacifique, si elle avait eu lieu, se serait achevée. « C’est un signal fort que nous devions envoyer aux puissants de ce monde », nous soufflait Georges arrivé exprès du Sud-est de la France pour se faire « entendre ». A côté de la manif des « chaussures », une autre image saisissante nous captivait : une chaîne humaine s’est formée le long du boulevard Voltaire, reliant la place de la République à la Nation. On pouvait apercevoir sur le trottoir des centaines- peut-être des milliers- de personnes se tenant par la main, entre Oberkampf et Nation. Les manifestants exhibaient des banderoles avec des messages, comme celui-ci, apostrophant les « pollueurs » : « ils exploitent, ils polluent. L’urgence est sociale et climatique ».

C’est dans cette ambiance animée par les écolos et ultra sécurisée que la Conférence internationale sur le climat s’ouvre ce matin, sur le site de Paris-le Bourget. 150 chefs d’Etat et de gouvernement prendront part à cette cérémonie d’ouverture. Ils devraient intervenir à la tribune pour proclamer l’urgence à agir contre le réchauffement climatique. Certes, la COP 21 sera officiellement lancée ce lundi mais les travaux ont démarré hier dimanche, vers 17 heures. Ils visent à définir une feuille de route en vue d’aboutir à un accord contraignant et universel limitant le réchauffement climatique à 2°C.

Kisselminan COULIBALY (envoyé spécial à Paris)

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