Il y a des retraits qui font plus de bruit que mille communiqués. En suspendant leur participation à la Commission Électorale “Indépendante”, le PDCI et le PPA-CI ont enfin osé faire ce que tout le monde murmurait depuis des mois : sortir d’une mise en scène où ils n’étaient plus que les alibis démocratiques d’un processus électoral verrouillé.

Un comité de validation RHDP

Pendant longtemps, leur présence servait de vernis. On exhibait leurs noms comme preuve que tout allait bien : “Regardez, même les partis de Gbagbo et de Thiam sont dans la maison !” Sauf que la maison a des fondations RHDP, des fenêtres teintées d’exclusion, et une porte verrouillée au dialogue.

Alors quand le PPA-CI annonce qu’il ne cautionnera plus un “processus électoral entaché de manipulation”, et que le PDCI parle d’“incapacité avérée à organiser des élections crédibles”, c’est un séisme. Pas parce que leur retrait surprend, mais parce qu’il met brutalement à nu le grand théâtre de l’hypocrisie électorale.

La CEI comptait 18 membres. D’après Hubert Oulaye, 16 sont liés au pouvoir ou redevables au régime. Appelons un chat un chat : c’est un comité de validation RHDP, pas un organe indépendant. Mais tant que l’opposition restait autour de la table, on pouvait continuer à jouer la comédie.

Un processus électoral décrédibilisé

Désormais, les masques sont tombés. Les deux seules voix dissonantes ont quitté la chorale. Ce qui reste ? Une assemblée homogène, disciplinée, et docile. C’est pratique pour organiser des élections “apaisées” : personne pour contester, personne pour dénoncer. Juste le silence bien rangé d’un organe qui n’a plus que le nom d’indépendant.

Et c’est là tout le sel : en quittant la scène, le PDCI et le PPA-CI obligent enfin le pouvoir à regarder son reflet dans le miroir. Plus d’excuses, plus de faux pluralisme. Juste la réalité brute : un processus électoral contrôlé, verrouillé, et décrédibilisé… avant même d’avoir commencé.

Est-ce que ce retrait changera quelque chose ? Peut-être pas. Mais au moins, il arrête de cautionner l’inacceptable. Et en politique, parfois, le courage, c’est juste ça : se lever, et dire non. Même si tout le monde est encore assis.

Alors oui, enfin, les dindons ont quitté la farce. Il ne reste plus qu’à éteindre les lumières… ou à changer de scénario.