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Politique

Situation socio-politique, Ibo Thierry, président du Collectif des ex-détenus : « Soro est un homme de paix, un garçon courageux, …. nous allons l’accompagner »

Publié le :

29 May

par Félix D. Bony

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<p style="text-align: justify;" ><strong><i>Ibo Thierry est le président du Collectif des ex-détenus de la crise postélectorale de 2011. Une organisation qu’il a mise en place dès sa sortie de prison avec d’autres camarades. Dans cet entretien, il donne un aperçu de ce collectif, ce qu’il fait, et se prononce sur la situation socio-politique, à quelques mois de nouvelles échéances électorales. Interview….</i></strong></p>

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M. Ibo, que renferme le collectif des ex-détenus de la crise post-électorale ?

Je suis Ibo Thierry, j’ai été arrêté en 2011 et détenu à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pendant 4 ans, et c’est en 2015 que j’ai été libéré. Le collectif que nous avons mis en place, c’est des Ivoiriens qui, suite à la crise post-électorale, ont été arrêtés et faits prisonniers politiques. La plupart de ces Ivoiriens sont des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo. Donc c’est des prisonniers pro-Gbagbo libérés qui ont fondé le collectif.

A quoi répond ce collectif ?

Nous avons créé ce collectif dans le but de participer au développement du pays et dire à l’opinion nationale et internationale que des ex-détenus aujourd’hui en liberté veulent aussi apporter leur pierre au développement. En même temps, ce collectif a pour objectif de mener un combat, celui de la libération des camarades encore détenus. Ce collectif va aller plus loin, parce que quel que soit la situation, ceux qui sont encore détenus et ceux qui sont en liberté ont été aussi victimes de la crise post-électorale. Donc, ceux-là aussi vont revendiquer bientôt leurs droits.

Quels sont ces droits?

Comme je le dis, nous avons subi beaucoup de préjudices, moral, physique et financier. On a perdu beaucoup. Certains d’entre nous étaient des étudiants, des policiers, des militaires, en tout cas de toutes les classes de la société. Pendant des années, ils n’ont rien perçu. Ils ont été victime de pillage et de torture lors de leur arrestation. Tout ça, ce sont des choses dont nous devons discuter.

Vous parliez de camarades encore détenus, peut-on en avoir une idée ?

Oui, on a beaucoup de camarades encore détenus et c’est pour eux que nous sommes là. Nous voulons leur apporter notre soutien pour leur dire que nous nous sommes sortis, mais nous n’allons pas baisser les bras. Il faudrait que nous menions le combat pour leur libération. Il faut que ces camarades recouvrent la liberté. Franchement, je vous dis, c’est pénible, c’est difficile pour eux. Nous allons user du bon ton pour obtenir leur libération. C’est très important pour l’intérêt de la nation.

A combien est-estimez-vous estimez ceux qui sont encore détenus ?

Il y a une guerre de chiffre à laquelle les gens se livrent. Mais, personnellement, j’ai été la toute première personne à être admise à la Maca. En même temps, j’ai été l’adjoint au fameux Yacou le Chinois. C’est moi qui allais chercher tous les détenus et les mettre au bâtiment C. Donc, je connais un peu tous ceux qui sont arrivés. Ils sont 226 détenus politiques encore en prison, mais il y en a un qui est décédé tous récemment.

Parlez-nous de Yacou le Chinois, qui était-il et comment- a-t-il été tué ?

Je n’étais plus là-bas jusqu’à ce qu’il décède, mais je pense que c’est quelqu’un qui était de connivence avec le pouvoir et qui bénéficiait de toutes les largesses du régime. Il avait droit de vie ou de mort sur les détenus pro-Gbagbo.

Qu’a-t-il fait pour être en prison ?

C’était un braqueur.

Il se racontait qu’il n’était pas un vrai prisonnier, mais plutôt un espion au sein de la Maca, vous confirmez ?

Je confirme, parce que Yacou le Chinois, lorsqu’il est arrivé en prison, j’ai été la première personne à le recevoir. C’est moi qui lui donnais à manger, ainsi que les moyens. Mais, ce que nous ne savions pas, c’est qu’en prison, les bâtiments sont gérés comme à l’école. Quand vous êtes au Cp1, il y a toujours un chef de classe, c’est comme ça. Il y a un gouvernement de prisonniers qui gère les bâtiments. Chaque bâtiment a son responsable. Le bâtiment A, le bâtiment B, etc. C’est le responsable du bâtiment C qui est le responsable de tous les bâtiments de la Maca. Parce qu’au bâtiment C, il y a le blindé, qui est la gendarmerie de la Maca. Même quand tu es aux assimilés que tu commets une gaffe, on t’emmène au Blindé. Donc, tous les prisonniers du bâtiment C ont droit au respect.

Dans sa vidéo postée avant sa mort, on voyait un Yacou le Chinois qui traquait les homosexuels au sein de la Maca. Est-ce qu’il faisait de bonnes œuvres, protégeait-il les faibles de la prison ?

Dans la vie, nul n’est parfait, mais quand même c’est quelqu’un qui posait des actes qui étaient appréciables

Comment appréhendez-vous sa mort ?

Je n’étais pas là-bas, mais j’ai eu mal. C’est un être humain. Pour moi c’est une mort commandité, parce qu’il en savait trop, et il fallait l’éliminer.

Revenons à vous. Que faisiez-vous avant votre arrestation?

Je me débrouillais comme tout autre.

Quel a été le motif de votre libération ?

Un matin, j’étais là et on appelle au parquet après 4 années de détention. On m’appelle et on me dit que je suis en liberté provisoire. Depuis le 20 février 2015 jusqu’ à ce jour, je suis en liberté provisoire.

Liberté provisoire, ce qui suppose que vous êtes fiché et suivi de près?

Oui, il faut dire que ce pouvoir-là est en train de nous traquer. Mais, nous sommes toujours vigilants sinon nous le savons.

Avez-vous des contraintes et des craintes ?

Vous savez, plus tu as peur, plus tu es en danger. Personnellement, je ne connais pas la peur. Je vie comme d’habitude et je suis positif dans la tête. Je suis libre, moralement libre.

Votre organisation veut participer au développement. De quelle manière ?

Aujourd’hui, la vie est très difficile pour nous les ex-détenus de la crise post-électorale. Depuis que nous sommes sortis, il n’y a aucun programme de réinsertion, aucune mesure d’accompagnement, même au niveau sanitaire. Il y a beaucoup de malades parmi nous, j’en suis moi-même une preuve palpable. Je souffre d’une hernie discale cervicale et de la tuberculose osseuse. J’ai failli même être paralysé, et parmi nous il y a plusieurs cas comme ça. Des jeunes, qui sont malades, et qui ne sont pas assistés. Certains n’ont même pas où dormir. C’est difficile, et c’est pour cela que nous avons décidé de donner de la voix pour dire aux uns et aux autres que nous sommes des Ivoiriens, et c’est ensemble que nous devons lutter pour reconstruire notre pays. C’est dans ce cadre que nous avons créé le collectif pour dire que ces Ivoiriens qu’on avait mis en prison sont prêts à travailler et à apporter leur pierre à la construction de l’édifice.

L’existence de ce collectif est-il connue par les dirigeants actuels ?

C’est là le problème. Lorsque vous allez déposer un document qui porte le nom crise post-électorale au niveau du ministère de l’Intérieur, il refuse de l’accepter. On ne veut pas entendre l’expression crise post-électorale, alors qu’on doit l’entendre. Nous ne pouvons pas nous défaire de cette appellation. Nous sommes des prisonniers de la crise post-électorale, des prisonniers politiques, des prisonniers pro-Gbagbo, et nous demeurerons des prisonniers politiques. On ne peut nous désigner autrement.

Avez-vous tenté une fois de rencontrer une autorité ?

Oui, nous avons été reçus par l’honorable Yasmine Ouégnin, Sam l’Africain (qui est un ex-détenu) et par Doumbia Major. Nous avons échangé et leur avons demandé de nous aider à lutter pour la libération de nos camarades encore détenus parce que les conditions de détention sont vraiment difficiles.

Qu’en est-il des membres du gouvernement ?

Nous avons déposé plusieurs courriers qui sont restés sans suite.

Depuis votre sortie de prison, quel est votre rapport avec la politique ?

Nous sommes restés dans une position de neutralité. On n’a préféré rester neutre et agir dans le bon sens. Parce que quand tu es plus neutre, tu travailles mieux.

N’est-ce pas par peu d’être étiqueté pro-Gbagbo ?

Non, on n’a pas peur, on ne peut pas avoir peur, on n’a qu’un seul pays qu’est la Côte d’Ivoire. Nous sommes tous des Ivoiriens. Parmi les pro-Gbagbo, il y a le Fpi et il y a les Gbagboïstes. C’est différent. Je peux être Gbagboïstes et militer dans un autre parti. J’aime Gbagbo, mais je ne suis pas FPI.

Vous arborez un tee-shirt sur lesquels il est inscrit ‘’Crise post-électorale à quand la fin ?’’. Que voulez-vous traduire par ce message?

Je vous donne un exemple. Lors de la marche de la coalition Eds (Ensemble pour la démocratie et la Souveraineté, ndlr), il y a eu des arrestations. Je prends le cas de Tchéidé Gervais qui a été arrêté lors de la marche. Après sa détention, il devait être libéré, mais cela n’a pas été le cas. On a sorti un dossier de 2013 et on l’a maintenu en détention. En 2018 encore, la crise post-électorale continue. On dit de la crise post-électorale qu’elle aurait pris fin après la prestation de serment du président Ouattara. Mais, il y a des gens qui ont été arrêtés en 2011, il y a ses gens qui étaient recherchés, qui ont été poursuivis et arrêtés en 2013, 2014. Donc, la crise post-électorale continue jusqu’à ce jour. On ne peut pas nous dire qu’elle vous pour est terminée.

 

Qu’attendez-vous pour qu’on parle de la fin de cette crise ?

Il faut simplement libérer tous les prisonniers politiques. A côté des prisonniers politiques, il y a aussi Blé Goudé et Laurent Gbagbo.

Suivez-vous leur procès ?

Comme tout autre Ivoirien, je suis le procès, j’ai ma vision et je pense que le président Gbagbo nous reviendra. C’est indiscutable. C’est un Ivoirien comme tout autre qui a été pris en otage. Donc, il nous reviendra.

Qu’est-ce qui vous le fait dire ?

Je pense bien que vous avez assisté au procès comme tout le monde. Aujourd’hui, le procès a pris fin, pourquoi ? C’est parce qu’il n’y a rien à l’horizon. Gbagbo est le père de la réconciliation, il est le visage du pardon, de la paix et de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Sans Laurent Gbagbo, il ne peut y avoir de réconciliation en Côte d’Ivoire. C’est ça qui est la vérité. Aujourd’hui, tous ces leaders politiques qui défilent à la Haye pour aller voir Lurent Gbagbo, c’est pourquoi ? S’il ne représente rien pourquoi est-ce qu’ils défilent là-bas ? C’est parce qu’ils savent qu’ils ont besoin de la caution de Laurent Gbagbo pour faire ce qu’ils ont besoin de faire. Donc, Laurent Gbagbo est l’incarnation de la paix en Côte d’Ivoire.

Guillaume Soro parle de réconciliation et en fait son cheval de bataille actuellement. Y croyez-vous ?

Voilà quelqu’un que je vais saluer et remercier au passage pour son courage. Dans la vie, quand on pose des actes, à un moment, il faut comprendre qu’il faut pardonner et il faut aussi savoir pardonner. Il est le président de l’Assemblée nationale, et aujourd’hui il demande qu’on libère tous les prisonniers politiques. C’est un homme de paix, c’est un garçon courageux. Il veut qu’on fasse table rase sur tout ce qui s’est passé et qu’on se pardonne les uns les autres. Ces genres de personnes, le président de l’Assemblée nationale, le député Méambly Evariste, le maire Akossi Bendjo, le corps préfectorale, les guides religieux, nous allons les accompagner dans leurs actions, parce que ce sont des actions, des missions nobles.

Comment comptez-vous les accompagner?

Je pense que nous avons les mêmes objectifs. S’ils nous sollicitent, on va les accompagner.

Aujourd’hui, nous sommes à 2 ans des prochaines élections présidentielles. Comment voyez-vous l’horizon?

L’horizon n’est pas prometteur pour la crise post-électorale. Il y a toujours des germes de conflits qu’on détecte. Les uns et les autres tiennent toujours des discours guerriers. Il est bon d’utiliser le bon ton pour l’intérêt de la nation, pour aller à une Côte d’Ivoire nouvelle.

Que pouvez-vous faire, vous, pour que tout se passe dans le calme?

Je veux ici et maintenant interpeler toutes les forces vives de la nation, les chefs religieux, les chefs traditionnels, les politiques, les associations et mouvements de la société civile de se joindre à nous pour qu’on lutte ensemble pour la libération de tous nos camarades encore détenus, parce que c’est par là que passe la réconciliation nationale. Pour avoir une Côte d’Ivoire une et indivisible.

Entretien réalisé par F.D.BONY

Coll : Kelly Kouassi


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Article rédigé par

Félix D. Bony

Journaliste Reporter

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