À Bouaké, le jeudi 27 avril 2023, il est environ 14h quand s’ouvrent les portières du véhicule de Simone Gbagbo, à l’entrée de la ville. La présidente du MGC reçoit un bouquet de fleurs, serre les mains des chefs traditionnels et celles de quelques membres de son parti venus l’accueillir.

"Je suis venue vous proposer qu’on deale ensemble à partir de maintenant"

Cela fait plus de 15 ans qu’elle n’y était pas revenue. C’est donc tout un symbole. Et l’enjeu est énorme, d’autant que c’est de cette ville qu’est partie la rébellion qui a raison, avec le soutien de la France, du régime de son époux Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011. 

« Le parti a estimé que Bouaké est la ville d’où les hostilités sont parties », justifie le responsable local de son parti, Konan Paul Didier. Simone Gbagbo est donc à Bouaké pour « se ressouder avec cette partie du pays », assure-t-il. Et les festivités des fêtes de la Liberté que le Mouvement des Générations Capables (MGC) y organise du samedi 29 au dimanche 30 avril 2023 sont l’occasion parfaite.

« Bouaké n’est pas une ville quelconque. C’est la deuxième ville de la Côte d’Ivoire. J’ai éprouvé le besoin de venir ici pour me solidariser avec tout le pays », confie-t-elle le vendredi 28 avril, lors d’une cérémonie dans le village de Adjé-Yaokro. « (…) Je suis venue délivrer le message de paix qui émane de mon cœur à toute la Côte d’Ivoire, mais à partir de Bouaké. Je suis venue vous proposer qu’on deale ensemble à partir de maintenant », propose-t-elle ensuite.

Rencontres

La veille, Simone Gbagbo a rendu une « visite de courtoisie » au préfet du département, Tuo Fozié. Une rencontre d’autant plus symbolique que le préfet de région est le premier porte-parole du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI, l’ancêtre des Forces nouvelles, les FN).

Le lendemain, elle s’est rendue, avec une forte délégation de son parti, à la Mairie afin de « présenter ses civilités » au maire Djibo Nicolas Yssouf. Accompagné de son prédécesseur Fanny Ibrahima, le premier magistrat de Bouaké lui a remis les clés la ville.

"Je tiens une fois encore à demander pardon à toute la nation"

L’ancienne Première Dame s’est ensuite rendue au domicile de l’Imam de la mosquée centrale de la ville, qui est par ailleurs le conseiller spécial du Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques (COSIM).

Un geste fort pour celle qui a longtemps été présentée comme la chrétienne du sud qui veut exterminer les musulmans du nord. Le guide religieux qui s’est dit très heureux de sa démarche, a déclaré qu’elle était chère à ses yeux, non sans formuler des bénédictions à son compte.

À Bouaké, Simone Gbagbo a aussi rencontré une délégation du RHDP local conduite par le ministre de Transports, Amadou Koné. « Je suis simplement venu saluer ma maman », a déclaré le membre du gouvernement, à sa sortie d’audience.

Pardon

Dans le fief de l’ancienne rébellion qui a tenté de renverser son époux en 2002, la présidente du MGC a demandé pardon aux victimes des crises politiques. « Je tiens une fois encore à demander pardon à toute la nation et à tous ceux qui ont subi des souffrances terribles, qui ont perdu des parents, emplois et ont été contraints à l’exil », a imploré Simone Gbagbo lors de son meeting de clôture le dimanche 30 avril 2023, en sa double qualité de haut responsable du parti au pouvoir d’alors et de Première dame au moment des faits.

« J’accorde aussi mon pardon à tous ceux qui ont causé du tort à la nation, à ma personne, à mes proches et à ma famille politique », a-t-elle ajouté, exhortant tous les responsables politiques ivoiriens à la suivre dans cet exercice dans l’intérêt supérieur du pays.

À Bouaké, Simone Gbagbo a également demandé le retour au pays du chef de la rébellion, Guillaume Soro, afin « qu’il ait la possibilité de participer au processus de réconciliation nationale ». Cela, bien qu’elle indique n’avoir pas « approuvé » son « rôle » dans la crise de septembre 2002.