Le samedi 20 mai 2023, la Commission Électorale Indépendante (CEI) remettra officiellement la liste électorale provisoire aux responsables des partis politiques ivoiriens. À moins de 24 heures de cette cérémonie, plusieurs organisations de défense des droits de l'homme, dont l'OIDH, s'inquiètent de l'exclusion de certaines personnalités politiques de cette liste.

Inquiétude

Dans le communiqué signé de son secrétaire général, l’OIDH rappelle aux communautés nationales et internationales qu’au cours des trois dernières décennies, l'histoire sociopolitique de la Côte d'Ivoire a été marquée par des actes « d'exclusion du débat politique, électoral, et même du débat citoyen ». Lesquelles exclusions ont engendré, selon le rapport, des conséquences désastreuses sur la vie de la nation « en termes d'instabilité, de guerre civile, de violences politiques et communautaires, ainsi que de cohabitation difficile entre les peuples ».

Ces arrêts sont toujours en vigueur et s'imposent à la Côte d'Ivoire, car la décision de rétractation de la déclaration de compétence de la Côte d'Ivoire vis-à-vis de la Cour africaine, prise le 29 avril 2020

L’interpellation de l’organisation dirigée par Aimé Eric-Semien intervient alors que des rumeurs font état de l’exclusion probable de la liste électorale des personnalités politiques ivoiriennes de premier plan, notamment Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé ou encore Guillaume Soro, ex-chef des rebelles de Forces nouvelles en raison de leur condamnation par la justice ivoirienne. Ces personnalités, en raison de leurs condamnations respectives, avaient été exclues du processus électoral de la présidentielle de 2020 qui a abouti à la réélection du président Alassane Ouattara au terme d’une élection émaillée par des violences et boycottée par l’opposition.

Sur le cas des personnes concernées, l'OIDH rappelle l'existence des arrêts respectifs de la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples en date du 15 juillet 2020 2 et du 15 septembre 2020 3, qui demandaient la réintégration leur intégration dans la liste électorale. « Ces arrêts sont toujours en vigueur et s'imposent à la Côte d'Ivoire, car la décision de rétractation de la déclaration de compétence de la Côte d'Ivoire vis-à-vis de la Cour africaine, prise le 29 avril 2020, n'a pris effet qu'en avril 2021 », rappelle l’organisation de droits de l’homme. Et demande aux autorités ivoirienne leur application « dans un souci de conformité aux engagements internationaux et de recherche d'apaisement ».

Proposition

Dans le même esprit, l'OIDH considère qu'étant donné les efforts déployés en faveur de la réconciliation et de la cohésion sociale, tels que la grâce présidentielle, le retour des leaders politiques, la libération de détenus, le dégel d'avoir et les rencontres entre les leaders politiques, il serait souhaitable de maintenir cette dynamique en évitant la répétition « d'actes d'exclusion ».