Le passage consacré à l'arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara et à la défaite de Laurent Gbagbo est particulièrement révélateur. Nicolas Sarkozy partage une perspective inédite sur la montée de l’actuel président ivoirien à la tête de la Côte d'Ivoire, malgré les doutes émis à l'époque par certains observateurs.

"Président musulman"

Aux pages 411-412 de ce livre, Nicolas Sarkozy dévoile un dialogue saillant avec son prédécesseur, Jacques Chirac, concernant Alassane Ouattara.

Il écrit : "Mon admiration pour Alassane Ouattara était ancienne et réelle. Étrangement, mon prédécesseur, Jacques Chirac, lui préférait l'ancien président ivoirien Henri Konan Bédié. Lorsqu'il m'en parlait, il utilisait l'expression, à dessein sarcastique, 'ton ami Ouattara' et il ajoutait 'crois-moi, il ne sera jamais élu.'"

"Il eut même l'intelligence de gracier son prédécesseur, Laurent Gbagbo..."

Sarkozy rapporte un échange significatif avec Chirac, dans lequel ce dernier exprimait des doutes quant à la possibilité qu'un président musulman puisse être élu en Côte d'Ivoire, compte tenu des divisions religieuses.

En réponse à ces préoccupations, Sarkozy soutenait que la composition majoritairement musulmane du nord de la Côte d'Ivoire ne devrait pas être un obstacle à une élection réussie. « Il avait le droit de penser ainsi, mais malgré tout force est de constater que j'avais raison puisque Alassane Ouattara fut non seulement élu, mais réélu à deux reprises ! », commente-t-il avec une pointe d'ironie.

Laurent Gbagbo en martyr

Dans ce récit de son quinquennat, l'ancien président français reconnaît la vision et l'impact d'Ouattara en tant que leader africain, louant ses compétences, sa sagesse et son bilan remarquable. « De tous les dirigeants africains, il est aujourd'hui l'un des plus reconnus et des plus influents. Son expérience, sa sagesse, son bilan lui confèrent une autorité sans équivalent », écrit-il dans ce livre de 560 pages.

L'auteur fait également l'éloge de la manière dont Alassane Ouattara a géré les défis complexes de la Côte d'Ivoire, en particulier sa contribution à la réconciliation nationale après les troubles politiques. Sarkozy souligne que Ouattara a privilégié la paix, le pardon et la réconciliation plutôt que la vengeance et la revanche.

De plus, il fait mention de l'acte de clémence d'Ouattara envers l’ancien président Laurent Gbagbo, qui, selon lui, a contribué à éviter une escalade des tensions. « Il eut même l'intelligence de gracier son prédécesseur, Laurent Gbagbo, évitant ainsi d'en faire un martyr », conclut-il.