L'affaire foncière qui secoue la commune de Cocody, notamment le lotissement de Bessikoi, prend une nouvelle tournure. Le chef du village de Djorobité 2, Nanan Minkan Assi Joseph, a catégoriquement nié avoir délivré une attestation villageoise à Komé Bakary, principal acteur du litige autour du lot 1294, îlot 135.

Un démenti formel du chef du village

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 13 février 2025, le chef du village de Djorobité 2 est sorti du silence pour clarifier sa position.  

« Je n'ai jamais fait de transaction avec M. Komé Bakary. Il n'a jamais eu d'attestation villageoise. Dans mon guide du village, ce sont plutôt ses victimes qui sont enregistrées », a assuré Nanan Minkan Assi Joseph.

L’attestation villageoise, élément clé dans la procédure d’Arrêté de Concession Définitive (ACD), est indispensable pour la reconnaissance légale d’un droit foncier. Cette déclaration vient donc fragiliser la position de Komé Bakary, qui affirme être le propriétaire légal du terrain litigieux grâce à ACD.

Dans la même vidéo, le chef du village de Djorobité 2 révèle que M. Komé n’en est pas à sa première affaire. « On est fatigués de lui », a lâché Nanan Minkan Assi Joseph.

Une affaire aux multiples rebondissements

L’affaire a éclaté sur les réseaux sociaux après la diffusion, le 8 février 2025, d’une vidéo de Dame Traoré, affirmant être victime d’une spoliation foncière. « Je suis victime d’une spoliation. On m’a pris mon terrain, et je ne sais plus à qui m’adresser », déclarait-elle, visiblement désespérée. Son témoignage a déclenché une vague d’indignation et poussé les autorités à réagir.

Les enquêtes menées par l’Observatoire International des questions de Droit (OID-CI) révèlent qu’une demande d’ACD a bien été déposée en 2020 par l’adversaire de Dame Traoré, et validée en 2023 sur la base d’attestations villageoises datant de 2018 et 2021. En revanche, la demande d’ACD de Dame Traoré, formulée en juillet 2024, a été rejetée au motif que le terrain était déjà attribué.

Le cas de Dame Traoré n’est pas isolé. Un imam, Cissé, ainsi que M. N'Goran Léon, ont également affirmé être victimes du même individu, qu’ils accusent de manipuler les procédures administratives pour s’approprier des terrains avec des ACD frauduleux.

Des soupçons renforcés

Face à l’ampleur du scandale, le ministère de la Construction, dirigé par Bruno Nabagné Koné, a pris des mesures pour contenir la crise. Le 10 février 2025, le Directeur Général de l’Urbanisme et du Foncier (DGUF), Kra Kouman, et le Directeur de la Communication et des Relations Publiques, Check Koné, ont convoqué les parties concernées et exprimé la nécessité d’analyser tous les documents fournis par chacune des parties avant de tirer des conclusions.

Dans ce cadre, Bakary Komé a été reçu le 11 février par le DGUF. Selon un communiqué du ministère, il a « rejeté en bloc les accusations portées à son encontre », arguant avoir agi « en conformité avec les règlements en vigueur pour la consolidation de ses droits fonciers ».

Pour éviter toute aggravation du conflit, le ministère a exigé de Komé Bakary qu’il fournisse l’ensemble des documents justificatifs de ses droits fonciers. Par ailleurs, il lui a été formellement interdit d’engager des travaux de construction sur le terrain litigieux tant que l’enquête est en cours.

Cette nouvelle révélation du chef du village de Djorobité 2 jette une ombre sur la validité des documents détenus par Komé Bakary et renforce les soupçons d’un réseau de spoliation foncière opérant en toute impunité.