Les deux dirigeants ont symboliquement lancé « une semaine où le cinéma devient le langage de notre unité », a déclaré le capitaine Traoré. Une cérémonie marquée par des performances artistiques et un hommage aux pionniers du 7ᵉ art africain. 

Ouagadougou, capitale mondiale du cinéma africain

Pendant sept jours, la ville vibre au rythme de projections, d’expositions et de débats. Huit sites accueillent l’événement, dont le mythique « Canal Olympia ». « Le FESPACO est une vitrine pour Ouagadougou. Chaque édition renforce notre rayonnement international », souligne Maurice Konaté, bourgmestre de la capitale burkinabè.

Avec 200 films en compétition et des délégations de 40 pays, le festival affirme son statut de « Cannes africain », attirant même des producteurs hollywoodiens curieux des nouvelles tendances. 

Pour la première fois, le Tchad déploie une délégation de 200 cinéastes et artistes, dirigée par le ministre de la Culture Abakar Rozzi Teguil. « Nous sommes ici pour raconter notre histoire, des racines de Toumaï à nos défis actuels », explique-t-il.

Parmi les films présentés, « Sahara en couleurs », une fresque sur les nomades toubous, et « N’Djamena Underground », plongée dans la scène musicale tchadienne. « Prendre notre destin en main passe par la culture. Le cinéma est notre arme pacifique », insiste le ministre Tchadien. 

Un cinéma de résistance et de résilience

Dans un discours lu par son ministre de la Culture Gilbert Ouédraogo, le président Traoré a martelé le thème de l’édition : « Cinémas d’Afrique et identités culturelles ». « Nos films ne divertissent pas, ils résistent. Ils dénoncent, éduquent, et préservent notre mémoire », a-t-il affirmé, qualifiant le cinéma de « miroir de nos combats et de vecteur d’émancipation ». Il a rendu hommage aux réalisateurs qui, « contre les récits coloniaux, redessinent l’Afrique avec nos propres mots ». 

Pour lui, « chaque scénario est un acte de souveraineté ». « Nos écrans doivent refléter qui nous sommes, pas des clichés importés. C’est ainsi que nous construirons un avenir où l’Afrique se reconnaîtra », a-t-il lancé, saluant des œuvres comme « Les Larmes du Sahel » (Mali) ou « L’Arbre aux esprits » (Bénin), qui mêlent traditions et modernité. 

Identités culturelles : Le grand débat 

Tables rondes et masterclass explorent comment le cinéma préserve les langues locales, les rites ancestraux ou les luttes sociales. « Un film en dioula ou en peul n’est pas juste une traduction, c’est une révolution », argue la réalisatrice ivoirienne Aya N’Dri.

Du côté des jeunes, l’enthousiasme est palpable : « Enfin, on voit nos héros à l’écran, pas seulement des personnages secondaires dans des films étrangers », s’exclame Adama, étudiant en cinéma à Dakar.  Avec 3 milliards de F CFA de fonds annoncés pour la production ouest-africaine, le FESPACO se veut aussi un accélérateur économique.

« Netflix et Canal+ sont à la recherche de partenariats. C’est le moment de saisir cette opportunité », confie un producteur nigérian. Le Burkina Faso a d’ailleurs dévoilé un nouveau studio de montage 4K, financé par l’Union africaine, pour soutenir les talents émergents. 

FESPACO 2025 : J-4 Ouagadougou | 22 février - 1er mars 2025
Nos ambassadeurs aux couleurs du festival sont prêts à faire vibrer Ouaga au rythme du 7ᵉ Art. Plus qu’un festival, le FESPACO est un rendez-vous de passion, d’héritage et de créativité. pic.twitter.com/P1A99qjLUI

— Fespaco_Officiel (@FESPACO3) February 19, 2025