L’organisation internationale du travail (OIT) et ses partenaires organisent les 26 et 27 mars 2025 à Abidjan (principale ville de Côte d’Ivoire), la conférence sur le contrat social en Afrique francophone et lusophone. Le ministre de l’emploi et de la protection sociale de Côte d’Ivoire, Me Adama Kamara, a pris part à la cérémonie d’ouverture de ladite conférence.

La recrudescence de crises multiformes

Au cours de son allocution, il a déploré le fait que les travailleurs du secteur informel sont parfois exclus des systèmes de protection sociale et ne bénéficient pas toujours de leurs droits fondamentaux. « Les progrès économiques et technologiques rapides auxquels s’ajoutent le changement climatique persistant et la recrudescence de crises multiformes ont eu inéluctablement un impact sur le monde du travail.

Garantir à chaque citoyen non seulement un emploi décent et une protection sociale adéquate mais aussi la jouissance effective de ses droits fondamentaux au travail

Ces facteurs qui entrainent des inégalités sociales sans cesse croissantes, sont des défis importants à relever dans nos États ; défis qui exigent une réponse collective et audacieuse par la mise en place d’un nouveau contrat social. Face à cette réalité, tous autant que nous sommes, Gouvernements, organisations d’employeurs et de travailleurs, avons un rôle crucial à jouer pour une société plus juste et plus équitable. (…)

Le nouveau contrat social que nous appelons de nos vœux doit garantir à chaque citoyen non seulement un emploi décent et une protection sociale adéquate mais aussi la jouissance effective de ses droits fondamentaux au travail, y compris la liberté syndicale et l’égalité des chances » a-t-il déclaré. Selon lui, le nouveau contrat social doit reposer sur des fondements solides et adaptés aux réalités africaines afin de mieux garantir les droits fondamentaux de tous les travailleurs, quel que soit leur emploi ou leur secteur d’activité.

Le message de l'ACTRAV

L’ancienne ministre du ministre du Travail et de la Solidarité sociale du Portugal Maria Helena André par ailleurs directrice du Bureau des Activités pour les Travailleurs (ACTRAV) a indiqué que la reconfiguration de la mondialisation, les transitions démographiques, les révolutions technologiques et, surtout, les bouleversements climatiques redessinent en profondeur le visage des économies et du travail. Pour elle, les évolutions remettent en question la viabilité de l’ordre mondial actuel, fondé sur le libéralisme et un ensemble de droits humains universels auxquels la majorité des pays adhère.

Les débats vont porter sur l’adéquation des institutions sociales et du travail pour répondre aux changements accélérés et aux exclusions persistantes dans de nombreux pays, confrontés à la violence, aux conflits et à des défis structurels

« Il n’est pas exagéré d’affirmer que cet ordre est aujourd’hui menacé : le multilatéralisme est attaqué, le paysage géopolitique se fait de plus en plus hostile, et les idéaux démocratiques (moteurs de cohésion sociale, de paix et de prospérité) sont remis en cause. Elle a par ailleurs dévoilé les grandes articulations de ces deux jours de travaux. « Les débats vont porter sur l’adéquation des institutions sociales et du travail pour répondre aux changements accélérés et aux exclusions persistantes dans de nombreux pays, confrontés à la violence, aux conflits et à des défis structurels ; la reconnaissance que le développement économique, social et environnemental durable est complexe et requiert des arbitrages entre objectifs politiques concurrents, ainsi qu’une refonte des cadres macroéconomiques pour les aligner rigoureusement sur les enjeux sociaux et environnementaux.

Nous parlerons aussi la manière dont les avancées technologiques bouleversent fondamentalement l’organisation du travail et de la production, dans un contexte où la réglementation peine à suivre le rythme de l’innovation, exposant ainsi les travailleurs à une précarité accrue et permettant aux employeurs d’exercer un contrôle toujours plus grand sur leur personnel » a confié la directrice de l’ACTRAV. Plusieurs formations et conférences meubleront cette conférence régionale.