Sans emploi et sans domicile fixe, les deux frères, chassés du domicile familial où ils accusaient leurs parents de se proclamer musulmans tout en continuant de pratiquer le paganisme et d’adorer plusieurs dieux alors que « l’Islam proclame qu’il n’y a qu’un seul Dieu à adorer, Allah », ont exprimé devant le juge, leur satisfaction d’avoir accompli la volonté de Dieu en mettant le feu aux fétiches de leurs parents, des chasseurs traditionnels ‘’dozos’’ qu’ils accusent de trahir les prescriptions du Coran.

Ibrahim a expliqué à la barre qu’au lendemain d’un message divin qu’il aurait reçu en songe et l’invitant à détruire les fétiches, il s’est rendu avec son frère, le 17 janvier 2013, au cimetière municipal de Gagnoa pour exécuter l’ordre dans ce lieu où ces chasseurs traditionnels vont adorer leurs fétiches. Selon les prévenus, avec leurs pratiques occultes, les ‘’dozos’’ et certains de leurs parents se livrent à des actes de sorcellerie en tuant des jeunes ou en les rendant mentalement invalides. Pris sur les faits par les chasseurs ‘’dozos’’ eux-mêmes, les deux frères ont été conduits à la police et par la suite, à la prison civile.

Ibrahim a confié que depuis son enfance, Dieu lui fait des révélations dans lesquelles il promet le paradis à ceux qui l’adorent, Seul. Il a expliqué que c’est pour aider un plus grand nombre de personnes à aller au paradis qu’il a exécuté l’ordre divin. A la question du président du tribunal de savoir s’ils ne craignaient pas pour leurs vies en allant s’attaquer aux fétiches de personnes armées, les deux frères Coulibaly ont répondu que « par la grâce de Dieu, les balles ne vont pas rentrer». Pendant l’interrogatoire, Mekanan a reconnu qu’il leur arrive de consommer de temps en temps de la drogue.

Mais, appelés à se prononcer sur les chefs d’accusation d’atteinte à la liberté de culte et de délit de vagabondage, les juges ont décidé que les faits tels que rapportés ne constituent pas une atteinte à la liberté de culte. Ils ont, par contre, condamné les prévenus à la peine sus-indiquée, pour délit de vagabondage, parce que les deux frères dorment à la belle étoile dans la brousse, où ils disent s’en remettre à Dieu, en cas d’intempéries. Les chasseurs ‘’dozos’’ sont réputés être de grands mystiques qui tirent leur pouvoir de pratiques occultes et de fétiches qu’ils adorent.

(AIP)