«Vous avez eu du caviar pendant longtemps , il va falloir s'habituer à la semoule». Le technicien savoyard voulait son humour dévastateur, à la dimension de sa frustration, mais surtout à celle des questions un peu embêtantes des journalistes. Et sur cette occasion, il aurait dû se taire ou continuer de pourfendre sa défense qui a encore coulé.

Encaisser dix buts en trois matches, avouons que cela est absolument désastreux. Jamais dans l'histoire récente des Eléphants, on n’a atteint un tel pic. Ce n'est même pas la valeur intrinsèque des hommes qui fait problème. Mais leur positionnement, le rôle que l'entraîneur doit jouer quand ils ne respectent pas les consignes, si jamais ce dernier leur en donne, leur état d'esprit et la promptitude de l'entraîneur à savoir qu'un tel n'est pas vraiment dans le match. Tout cela a manqué mercredi à Hervé Renard.

Sa défense a coulé parce que ses deux latéraux, Aurier et Tiéné, n'ont pas joué leur rôle. De sorte que le jeune Kessié avait à jouer pour deux, sur la défense droite qu’Aurier désertait constamment, et dans l'axe où il était positionné. Et il n'a jamais signifié à Aurier d'être à sa place, ni à Tiéné de mettre plus d'impact dans son jeu. Cela dit, il n'y a pas à passer sous silence la naïveté des deux axiaux, Kessié et Diarrassouba. Devant, Gervinho n'était pas dans le coup. Il n'a même pas réussi un seul dribble. Le seul tir qu'il a tenté, hors du grand rectangle, n'en était pas un.

Bony Wilfried a traversé le match, tel Godzila, avec ses problèmes de rotation sur lui-même, une machine mal huilée. Le résultat est qu'il n'y avait personne pour marquer là où, chez l'adversaire, les attaquants Yussuf Mulumbu, Yannick Bolasie et Neeskens Kebano étaient insaisissables. L'orgueil du capitaine Yaya Touré et l'audace de Salomon Kalou n'ont pas suffi. Et voilà les Eléphants dans un drame.

Portés depuis toujours par des prouesses individuelles, il faudra aux pachydermes ivoiriens, avoir des individualités pour continuer les exploits. Or il semble qu'elles sont en train de s'éteindre les unes après les autres. Les anciens sont blasés, à l'image de Tioté, Copa, Tiéné Siaka et les nouveaux manquent d'expérience. La génération dorée a vécu. Il faudra trouver le moyen d'entretenir le mythe. Au lieu de cela, Hervé Renard propose de la semoule à consommer sous forme de cabatô. Soyons sérieux, le sélectionneur doit se mettre au travail plutôt que d'utiliser une métaphore qui le dessert et met à nu son incompétence.

Litié BOAGNON

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