L’Afrique et le monde ont connu des figures inspirantes qui, dans des contextes difficiles, ont su privilégier la paix à la revanche, le dialogue à la division, l’unité à l’exclusion.

Deux hommes incarnent cette sagesse

Nelson Mandela, qui a refusé d’imposer sa volonté à l’Afrique du Sud postapartheid et qui a œuvré pour une réconciliation nationale véritable.

Félix Houphouët-Boigny, qui a fait de la paix son credo politique, comprenant que la stabilité est un bien plus précieux que toute victoire partisane.

De leurs expériences, de leur sagesse et des grandes civilisations, émergent des enseignements universels qui doivent guider la Côte d'Ivoire pour garantir une élection crédible, une justice impartiale, une nation inclusive et un avenir prospère.

I. Le Pouvoir comme Engagement et non comme Héritage : Respecter sa Parole

« La parole donnée est sacrée. » – Félix Houphouët-Boigny

« Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans vérité. » – Nelson Mandela

L’un des fondements de la stabilité démocratique est le respect de la parole donnée. Un dirigeant qui modifie les règles du jeu électoral en sa faveur affaiblit les institutions et fragilise la confiance du peuple.

Nelson Mandela, bien qu’icône incontestée de l’Afrique du Sud, a refusé de s’accrocher au pouvoir, privilégiant la pérennité démocratique plutôt qu’une présidence à vie. De même, Félix Houphouët-Boigny insistait sur la nécessité de construire un État fort, où les institutions priment sur les individus.

Recommandations :

Établir une culture politique basée sur l’exemplarité et le respect des engagements.

Garantir des mandats présidentiels transparents et respectueux des règles établies.

Promouvoir des institutions solides pour éviter les crises de succession.

II. La Réconciliation et l’Unité Nationale : Construire au-delà des Différences

« La paix est un comportement. » – Félix Houphouët-Boigny

« Si vous voulez faire la paix avec votre ennemi, vous devez travailler avec lui. » – Nelson Mandela

L’un des défis majeurs de la Côte d’Ivoire est de transformer la paix de façade en une paix profonde, durable et sincère.

Mandela et Houphouët-Boigny ont tous deux compris que la réconciliation ne se décrète pas, mais qu’elle se construit. Elle exige des gestes forts, des sacrifices et une volonté politique réelle de dépasser les clivages historiques.

Recommandations :

Établir un dialogue national permanent réunissant toutes les forces vives du pays.

Mettre en place des commissions de vérité et réconciliation pour panser les blessures du passé.

Encourager les alliances politiques inclusives pour éviter la gouvernance par exclusion.

III. Une Élection Crédible : Un Scrutin Transparent et Apaisé

« Ce qui fait la légitimité d’un dirigeant, ce n’est pas la force mais la confiance de son peuple. » – Mandela

« Un chef, c’est celui qui réunit, non celui qui divise. » – Houphouët-Boigny

Les élections ne doivent pas être des champs de bataille où s'affrontent les ambitions personnelles, mais des moments où la souveraineté populaire s’exprime en toute liberté.

Un scrutin biaisé, marqué par des irrégularités et des exclusions politiques, ne peut conduire qu’à la contestation et à l’instabilité.

Recommandations :

Garantir l’indépendance et l’impartialité des organes électoraux.

Éviter toute exclusion politique arbitraire et garantir une participation inclusive.

Renforcer l’éducation civique et sensibiliser les citoyens aux valeurs démocratiques.

IV. Une Justice Équitable : Le Pilier d’un État Fort

« Il n’y a pas de démocratie sans justice, et il n’y a pas de justice sans équité. » – Mandela

« Gouverner, c’est servir, et non se servir. » – Houphouët-Boigny

La stabilité d’un État repose sur une justice impartiale, indépendante et respectée par tous.

Si la justice devient un instrument de règlement de comptes politiques, elle génère frustration et rancœur. C’est dans cet esprit que Mandela et Houphouët-Boigny ont toujours prôné une justice non partisane, capable de rassembler plutôt que d’opposer.

Recommandations :

Garantir une justice impartiale qui protège les citoyens au lieu de les diviser.

Éviter l'instrumentalisation des institutions judiciaires pour des intérêts politiques.

Renforcer l’état de droit et lutter efficacement contre la corruption.

V. La Côte d’Ivoire, une Nation Qui Aspire à la Grandeur

« Une nation qui détruit ses valeurs se condamne elle-même. » – Sagesse africaine

« Notre capacité à vivre ensemble sera le plus grand test de notre civilisation. » – Mahatma Gandhi

La grandeur d’une nation ne se mesure pas seulement à sa prospérité économique, mais aussi à la qualité du lien social, à la solidité de ses institutions et à sa capacité à garantir l’égalité des chances à tous ses citoyens.

Si la Côte d’Ivoire veut réellement émerger comme une référence démocratique en Afrique, elle doit réduire les fractures historiques, culturelles et politiques qui persistent encore aujourd’hui.

Recommandations :

Mettre fin à la culture de la revanche politique et promouvoir un véritable vivre-ensemble.

Valoriser les identités culturelles tout en renforçant la cohésion nationale.

Placer l’intérêt national au-dessus des calculs électoralistes et partisans.

Conclusion : Un Héritage à Honorer, une Vision à Construire

Mandela et Houphouët-Boigny nous enseignent que la paix n’est pas l’absence de conflit, mais la capacité à dépasser les différences pour bâtir un avenir commun.

Le plus grand défi de 2025 ne sera pas seulement d’élire un Président, mais de garantir que ce processus renforce la stabilité du pays et assure une transmission pacifique du pouvoir.

Si l’on devait paraphraser Mandela et Houphouët-Boigny, on pourrait dire aujourd’hui : « La Côte d’Ivoire a soif de grandeur. »

Que chacun prenne ses responsabilités. Que les leaders politiques, la société civile et les citoyens s’engagent à faire de cette élection un pas de plus vers une Côte d’Ivoire unie, pacifique et prospère.

Norbert KOBENAN