29 mois après, l’officier subalterne n’est visiblement plus le capitaine des évènements du 30 septembre 2022 au Burkina Faso. Restant constant sur ses idéaux, l’enfant terrible de Bondoukuy, a bénéficié de tous les honneurs et faveurs du pouvoir et se trouve aujourd’hui dans le plein de sa forme. Comment dans un pays en guerre, le chef de l’Etat peut avoir autant d’aisance ? Décryptage !

Le premier secret les soutiens irréductibles

A ses débuts, le capitaine faisait irruption au front, très souvent en week-end, jusqu’à ce qu’on le conseilla de ne pas poursuivre deux lièvres à la fois : gérer le pouvoir et continuer ses ambitions de soldats. Bien loin du treillis de combat, le capitaine gère confortablement son pouvoir dans le grand luxe de Ouagadougou où il compte encore sur des soutiens d’hier.

D’officier subalterne à président

Le 30 septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré s’imposait à la tête du Burkina Faso lors d’un second coup d’État, mené par le capitaine Oumarou Yabré. Cet ancien officier subalterne, qui arpentait les rues de Ouagadougou aux côtés des soldats pour renverser le MPSR1 de Paul-Henri Sandaogo Damiba, a rapidement appris les rouages du pouvoir. Vingt-neuf mois plus tard, l’« enfant terrible de Bondoukuy » a troqué son treillis pour un costume présidentiel, incarnant désormais l’autorité suprême dans un pays en guerre contre le terrorisme. 

Mais face aux pressions sécuritaires, il a dû renoncer à « poursuivre deux lièvres à la fois ». Désormais, il gère le pouvoir depuis Ouagadougou, s’appuyant sur une communication axée sur la reconquête territoriale contre les groupes jihadistes. « On lui a conseillé de ne plus s’exposer sur le terrain. Son rôle est désormais de incarner la stabilité », explique un proche du régime. 

Les piliers du pouvoir : soutiens internes et alliances extérieures

Si le capitaine Traoré a consolidé son emprise, c’est grâce à un réseau de fidèles. Bassolma Bazié, secrétaire général des syndicats, le général Kassoum Coulibaly (ministre de la Défense), Jean-Marie Traoré (ministre des Affaires étrangères) et Rimtalba Ouédraogo (porte-parole du régime et premier ministre actuellement) forment son noyau dur. « Il contrôle une bonne faction de l’armée, et ses hommes de main tiennent la situation sous contrôle », souligne un observateur politique. À cela s’ajoute le soutien financier des Burkinabè, via des dons et cotisations spontanés, perçus comme un « assentiment populaire » à sa gouvernance. 

Du front au palais : La stratégie de légitimation

Dans ses premiers mois, Traoré multipliait les apparitions sur le front, en treillis, pour galvaniser les troupes. Mais face aux pressions sécuritaires, il a dû renoncer à « poursuivre deux lièvres à la fois ». Désormais, il gère le pouvoir depuis Ouagadougou, s’appuyant sur une communication axée sur la reconquête territoriale contre les groupes jihadistes. « On lui a conseillé de ne plus s’exposer sur le terrain. Son rôle est désormais de incarner la stabilité », explique un proche du régime. 

L’appui décisif du Mali et de la Russie

Ibrahim Traoré a su capitaliser sur les alliances régionales. Le soutien immédiat du colonel malien Assimi Goïta, chef de la junte au Mali, a été déterminant. Cette solidarité entre putschistes a facilité l’arrivée de mercenaires russes du groupe Wagner, déployés pour combattre aux côtés des forces burkinabè. « Le soutien malien a permis la mobilisation de la Russie à la cause burkinabè », confirme une source sécuritaire ouest-africaine. Une coopération critiquée par les Occidentaux, mais perçue localement comme une rupture salutaire avec l’ancienne tutelle française. 

Gouverner en temps de guerre : Le défi permanent 

Malgré les honneurs et les apparitions protocolaires, Traoré navigue en eaux troubles. Les attaques terroristes persistent à Kaya, Djibo ou Pibaoré, rappelant la fragilité des avancées militaires. Son discours, centré sur la souveraineté et la résilience, séduit une population lasse de l’insécurité, mais les défis économiques (inflation, chômage) alimentent un malaise latent. « Dans un pays en guerre, un chef d’État doit être à la fois soldat et stratège. Traoré joue ce double rôle, mais le temps presse », analyse un diplomate en poste à Ouagadougou. 

Critiques et résistances : l’envers du décor 

Si le capitaine bénéficie d’une image de dirigeant « proche du peuple », son régime n’échappe pas aux accusations d’autoritarisme. Les mutineries étouffées, les arrestations d’opposants et le contrôle des médias dessinent un pouvoir de plus en plus vertical. Pourtant, ses partisans balayent ces critiques : « En temps de guerre, il faut un leadership fort. Les Burkinabè comprennent cela », argue un membre du MPSR2. 

2025 : L’année de tous les dangers ? 

Vingt-neuf mois après son arrivée au pouvoir, Traoré doit désormais concilier urgences sécuritaires et attentes sociales. La pression monte pour des élections promises – mais sans calendrier précis –, tandis que l’allié russe, fragilisé par les tensions internes, pourrait réduire son appui. « Restant constant sur ses idéaux, Traoré est dans le plein de sa forme, mais l’équilibre est précaire », résume un analyste. 

🇧🇫 Deux ans de présidence du Capitaine Ibrahim Traoré au Burkina Faso

1️⃣ PIB : $18,8 Mds ➡️ $22,1 Mds 📈
2️⃣ Refus des prêts FMI & Banque mondiale : “L’Afrique n’en a pas besoin.” ✊
3️⃣ -30% salaires ministres, +50% salaires fonctionnaires 💰
4️⃣ Dette locale remboursée ✅
5️⃣ 2… pic.twitter.com/Bx6uZr1e0y

— Benjamin Umba (@benjimk) January 18, 2025