L’homme d’affaires rappelle avoir lui-même renforcé la Constitution pour limiter à deux le nombre de mandats présidentiels. Le président sortant du Bénin d’ajouter. « J’ai veillé à ce que nul ne puisse exercer plus de deux mandats dans sa vie. Je respecterai cette règle. »  À la tête du Bénin depuis 2016, Patrice Talon quittera donc le pouvoir en 2026 après une décennie marquée par des réformes plurisectorielles. 

Succession 2026 : Talon promet de rester « attentif » sans s’imposer 

Si le président Béninois affirme ne pas vouloir imposer un dauphin, il se dit déterminé à éviter un successeur qui « déconstruirait les réformes accomplies en dix ans ». « Le prochain président sera mon président, celui de mon pays, de ma famille, de ma communauté et de tout ce qui m’est cher », souligne-t-il, laissant planer une vigilance post-mandat.    

Le chef de l’État a aussi exprimé sa frustration face à la détérioration des relations avec le Niger et le Burkina Faso, gouvernés par des juntes militaires depuis 2022-2023. « Notre armée est confrontée à des groupes terroristes qui évoluent en toute liberté dans des sanctuaires désertés par les forces de défense de nos voisins », déplore-t-il. 

Selon lui, l’absence de coopération sécuritaire avec Niamey et Ouagadougou complique la lutte contre le terrorisme dans le nord du Bénin, où les attaques jihadistes se multiplient. « Nous les relançons régulièrement, nous n’obtenons pas de réponse », regrette Talon, pointant du doigt des zones frontalières devenues des « bases » pour les insurgés. 

Lutte contre le terrorisme et diplomatie

Malgré ces tensions, un rapprochement semble s’esquisser avec le Niger. Quelques semaines après la nomination d’un ambassadeur béninois à Niamey, Kadade Chaïbou, nouvel envoyé nigérien à Cotonou, a présenté ses lettres de créances le 13 mars. « Nous nous attelons au rétablissement de la confiance entre les deux pays », a déclaré Chaïbou, un magistrat expérimenté. 

Cette étape symbolique pourrait apaiser un contentieux lié à l’exportation du pétrole nigérien via le port béninois de Sèmè. Patrice Talon dément par ailleurs catégoriquement les accusations de ses voisins sahéliens : « Il n’y a évidemment aucune base militaire étrangère secrète au Bénin. » 

L’ancien « roi du coton » devenu président réformateur 

Né en 1958 à Ouidah, Patrice Talon a bâti sa fortune dans le coton avant de s’imposer en politique. Financier-clé de l’ex-président Thomas Boni Yayi (2006-2016), leur relation s’est envenimée à partir de 2011, conduisant Talon à un exil en France. De retour au pays, il est élu président en 2016 sur un programme de modernisation économique, mais son bilan reste contrasté : croissance soutenue (autour de 6 %), mais accusations d’autoritarisme et de clientélisme. 

L’entretien révèle aussi une blessure personnelle : sa rupture avec Olivier Boko, ancien bras droit et ministre, aujourd’hui critique virulent. « Olivier était un frère. Il est devenu un monstre », lâche Talon, sans élaborer. Une rivalité qui symbolise les fractures politiques d’un Bénin en pleine mutation. 

Alors que son départ se profile, Patrice Talon semble vouloir jouer les gardiens de l’héritage. Entre fierté des infrastructures réalisées (routes, ports, digitalisation) et ombres des libertés réduites, son chapitre s’achève sur un double défi : garantir une transition apaisée et contenir la menace terroriste. « Je suis un homme de parole », répète-t-il.

🔴🇧🇯Patrice Talon : «Une énième fois, je vous le redis : non, je ne serai pas candidat».

Il parle de qui ? pic.twitter.com/iz5fqsBeq8

— 𝐇𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐝'𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 ♤ (@Silboyofficiell) March 14, 2025