Selon l’accusation, ces officiers auraient fui Goma à bord d’un bateau privé en pleine avancée des rebelles, laissant leurs soldats sans commandement. Une décision en contradiction directe avec l’ordre du président Félix Tshisekedi, qui exigeait de « défendre la ville armes à la main jusqu’au sacrifice suprême ». Leur retrait aurait entraîné la perte d’équipements stratégiques, dont cinq chars T55, selon des documents consultés par RFI. 

Peine de mort et procès à huis clos

Lors de l’audience, les généraux, formés pour certains en Europe, ont comparu en uniforme, arborant leurs galons. Leurs avocats dénoncent toutefois un procès biaisé. Le procureur général de l’armée a insisté sur la « gravité » des actes reprochés, laissant planer le spectre de la peine de capitale. Le ministre de la Justice, présent à l’ouverture du procès, a appuyé ces accusations, rappelant que « la discipline militaire n’est pas négociable ». La prochaine audience, prévue le 20 mars, pourrait se tenir à huis clos, une décision justifiée par la « sensibilité » des informations. 

Me Chicha Bokolombe, l’un des avocats des généraux, a vivement critiqué l’accusation : « Les dossiers sont vides. Nos clients ont été arrêtés sur des caprices des services. La justice doit les innocenter : la RDC a encore besoin d’eux. » Les défenseurs réclament une « liberté contrôlée » pour leurs clients, détenus dans des conditions jugées inhumaines à la prison militaire de Ndolo. « Pourquoi les maintenir en cellule quand ils pourraient être en résidence surveillée ? », interroge Me Bokolombe. 

La plus grande prison militaire du pays, décrite comme surpeuplée et insalubre, accueille les cinq accusés. Leurs avocats soulignent l’ironie de la situation : « Ces hommes ont servi le pays. Aujourd’hui, ils sont traités comme des criminels avant même d’être jugés », déplore un membre de la défense. Une pétition pour améliorer leurs conditions de détention circulerait déjà dans les milieux juridiques. 

Ce procès intervient dans un contexte de tensions persistantes dans l’est de la RDC, où le M23 reste actif. Pour le gouvernement, il s’agit de montrer sa fermeté face aux « lâchetés » qui sapent le moral des troupes. Mais des analystes y voient aussi un message aux dissidents : « Tshisekedi veut restaurer l’autorité de l’État, quitte à sacrifier des boucs émissaires », explique un expert.  D’autres s’interrogent sur le timing : la tenue du procès après la perte de Goma pourrait masquer les échecs sécuritaires du régime. « Juger des généraux ne ramènera pas la ville sous contrôle », tempête un activiste local. 

#RDC: Cinq officiers supérieurs des Forces armées de la République démocratique du Congo et de la police ont été identifiés jeudi lors du procès devant la Haute cour militaire, pour lâcheté face à l'avancée de l'armée rwandaise et ses supplétifs du M23-AFC, et d'avoir abandonné… pic.twitter.com/VfRlHFuCyU

— acp.cd (@acprdcongo) March 13, 2025