Alors que le Premier ministre David Cameron se débat pour se défaire des accusations d'évasion fiscale dans le plus grand scandale de l'histoire de la fraude fiscale, le Dailly Mail préfère ignorer ce sujet pour accabler l'ex-capitaine des Eléphants. Comment fait-on pour être clean, après avoir pulvérisé tous les records avec Chelsea, pour rester l'un des joueurs étrangers qui ont profondément marqué le football britannique ? Le Dailly Mail a beau se poser cette question, il n'arrive pas à s'y faire. Et donc ne peut pas accepter que Drogba continue de capitaliser l'énorme marque de confiance qu'il a acquise durant son passage en Angleterre. Le média britannique s'étrangle à l'idée de voir l'actuel attaquant de l'Impact Montréal mériter le respect et la sollicitude de tout le monde, notamment quand il a décidé de lever des fonds pour la fondation qui porte son nom. D'où la campagne actuelle de dénigrement activement menée et dont l'axe d'accusation est que le joueur ivoirien n'aurait dépensé au titre de sa fondation que 25.000 dollars (environ 12 500 000 Fcfa) sur les 3 millions (1 500 000 000 de Fcfa) en don recueillis au Royaume unis uniquement, soit 1 %. Le reste de l'argent, croit pouvoir dire le Dailly Mail, « dormirait dans les comptes bancaires ou aurait servi à organiser de somptueuses soirées-bénéfices très courues par les vedettes ». Pis, le Dailly Mail affirme que « le bâtiment (l'hôpital construit par la Fondation Didier Drogba, ndlr) situé dans la capitale ivoirienne est vide, dénué d'équipements et de personnel ». Il n'en fallait pas plus pour qu'un deuxième larron, en l'occurrence la Charity Commission, instance parlementaire qui supervise la gestion des oeuvres de bienfaisance au Royaume-Uni, s'en mêle. L'occasion n'est-elle pas belle pour casser du Drogba ? « La Commission a des préoccupations sérieuses sur un certain nombre de problèmes de conformité soulevés », écrit son directeur, David Holdsworth. Apportant de l'eau au moulin des accusations du Dailly Mail, cette commission se dit « préoccupée par l'administration de l'organisme et la surveillance exercée par les fiduciaires, qui tous semblent vivre à l'étranger, ainsi que les allégations selon lesquelles l'organisme a fourni des informations trompeuses aux donateurs et au public». Mais sur quelles bases ces deux structures, le journal et la commission parlementaire, s'acharnent-elles contre Didier Drogba et sa fondation ? A partir de quoi affirment-elles que Drogba et sa fondation ont fourni « des informations trompeuses aux donateurs et au public » ? Le Dailly Mail a-t-il effectivement mené des enquêtes sur les actions de Didier Drogba au titre de cette fondation ? Tout porte à croire qu'il s'agit de cogitation in vitro avec des conclusions intra muros. Le Dailly Mail, de l'avis de Drogba, n'a pas daigné jeter un coup d'oeil sur les comptes de la Fondation. Il ne veut pas entendre que l'argent des donateurs n'a pas été détourné à d'autres fins ainsi que le prouvent les comptes de la Fondation. Sans doute à dessein. Sinon une vraie enquête impliquerait de sa part un détour à Abidjan pour voir ce qui a été effectivement réalisé, et dans quelles conditions cela a été fait. Le Dailly Mail s'est comporté comme tous ces experts des questions africaines qui tournent en rond en Europe, mais qui sont prompts à faire des développements et ne ratent, de ce fait, aucune occasion pour se lancer dans les commentaires les plus invraisemblables sur des faits qu'ils n'ont pas vécus. Et il faut craindre que la Charity Commission n'ait emprunté un tel raccourci avec des conclusions péremptoires, alors même qu'elle n'a pas encore enquêté sur le sujet. Va-telle effectivement se déplacer jusqu'à Abidjan ? Drogba a raison de se dire « déçu, étonné et horrifié par cet article qui a une portée négative, mais aussi un impact sur toutes les personnes, amis et sponsors qui ont contribué à la fondation». Le Dailly Mail n'aurait pas mieux trouvé que de telles accusations si le but recherché à travers ses écrits était de discréditer la légende de Chelsea et lui faire passer toute envie de revenir dans le club de l'ouest londonien. Heureusement que les preuves existent, qui lavent de toute accusation Drogba. Les sordides allégations du Dailly Mail ont été contredites par des faits palpables. Collaboration santé international (Csi) de Québec affirme, dans une déclaration rapportée par la presse canadienne, que le joueur a bel et bien financé l'envoi de matériel médical québécois en direction de la Côte d'Ivoire, battant en brèche l'idée selon laquelle rien n'a été fait pour équiper l'hôpital d'Attécoubé. « Avec Didier Drogba, les choses se sont très bien passées. On a demandé (à sa fondation) des informations pour savoir la fiabilité, la crédibilité. On a donné les conditions habituelles qu'on a avec nos partenaires. Et il a payé entre 12 000 $ ( 6 millions de Fcfa) et 15 000 $ (7 500 000) pour envoyer de l'équipement là-bas », explique Pierrette Defoy la directrice générale de CSI. Le Dailly Mail a-t-il cette information ou a-t-elle préféré l'ignorer pour accabler inutilement le joueur ?

Litié BOAGNON

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