La Côte d'Ivoire, en pleine expansion dans le secteur aurifère, observe avec intérêt l'accord conclu entre le Mali et la Russie pour la construction d'une importante raffinerie d'or. Ce projet pourrait avoir un impact sur la compétition régionale en matière de production et de transformation de l'or.

Le Mali, déjà un acteur majeur de l'or en Afrique, est considéré comme un "exemple" en matière d'extraction aurifère, a déclaré l'ingénieur des mines ivoirien Abdoulaye Diomandé, cité par Sputnik.

"Nous avons eu vent de cette information. La meilleure stratégie pour permettre aux différents États de bénéficier des revenus de leurs ressources, ce sont les partenariats gagnant-gagnant. La Russie s'inscrit dans cette dynamique. La Côte d'Ivoire va regarder comment va se comporter ce partenariat", explique-t-il au média russe.

Une ambition affichée pour dominer le marché

Si le Mali a produit 51 tonnes d'or en 2024, en recul par rapport aux 66,5 tonnes de 2023, la Côte d'Ivoire veut aller plus loin. Avec un potentiel aurifère estimé à 600 tonnes réparties sur plusieurs régions (Nord, Centre, Ouest et Sud-Est), le pays s’est engagé dans une stratégie de développement minier ambitieuse.

En 2023, la production ivoirienne a atteint 50,3 tonnes, contre 43,8 tonnes en 2021. Parallèlement, les exportations d’or ont explosé, passant de 446,953 milliards FCFA en 2015 à 1 427,153 milliards FCFA en 2023.

Selon le Groupement professionnel des miniers de Côte d’Ivoire, la production d'or a décuplé depuis 2011 et devrait franchir la barre des 58 tonnes en 2024 avant d’atteindre 62 tonnes en 2025.

Vers de nouvelles alliances stratégiques ?

Pour réaliser ses ambitions et rivaliser avec des poids lourds comme le Ghana, premier producteur africain avec 114 tonnes en 2023, la Côte d'Ivoire mise sur une diversification de ses partenariats internationaux. Si le pays entretient historiquement des relations étroites avec la France, les États-Unis et la Belgique, il s’est également tourné vers la Chine pour développer son secteur minier. Selon l'ingénieur des mines ivoirien, "ce n'est pas impossible", qu’il se tourne aujourd’hui vers la Russie.

"C'est vrai que la Côte d'Ivoire entretient de bonnes relations avec la France, les États-Unis, la Belgique et autres. Mais aujourd'hui, la Chine est devenue un des partenaires les plus importants. Pourquoi pas la Russie aussi ?", souligne Abdoulaye Diomande.

Cette dynamique s'inscrit dans un objectif à long terme : atteindre une production annuelle de 100 tonnes d'or d’ici cinq ans et se positionner comme un acteur incontournable sur le marché aurifère africain. Pour attirer les investisseurs et accélérer cette progression, les autorités ivoiriennes prévoient de renforcer les incitations fiscales et de valoriser davantage le potentiel minier national.

Avec 14 mines industrielles, 227 sites semi-industriels et 149 exploitations artisanales en 2023, la Côte d'Ivoire continue de structurer son secteur aurifère. L'entrée en production de cinq nouvelles mines devrait contribuer à accélérer cette croissance et à réduire l’écart avec ses voisins.