Un niveau de croissance qui place l’Afrique juste derrière… les champions asiatiques. Avec une hausse de sa croissance prévue par l’Agence française de développement (AFD) à +4 % en 2025, l’Afrique a de quoi faire des envieux parmi les pays développés, et ce alors que la croissance mondiale ne devrait pas dépasser les +2,8 % d’ici à la fin de l’année – soit une quasi-stagnation par rapport à 2024.

Une croissance africaine se dessine crescendo

Un tout petit peu moins optimistes, les Nations Unies tablent, quant à elles, sur une croissance africaine de +3,7 % en 2025, puis +4 % en 2026. « C’est une situation conjoncturellement favorable, qui ne dure pas nécessairement, mais en 2025, c’est bien orienté », relève ainsi Thomas Melonio, chef économiste de l’AFD.

Même son de cloche du côté des Nations Unies, dont les auteurs du récent rapport Situation et perspectives de l’économie mondiale 2025 anticipent que, dans les temps à venir, « la croissance économique en Afrique devrait se renforcer, sous l’effet de la reprise des grandes économies de la région ». Et, en Afrique francophone notamment, sous l’effet de la bonne santé du secteur financier, porté par des acteurs innovants qui redéfinissent les standards de l’industrie.

Bloomfield Investment Corporation, le Moody’s africain

À l’image, en Afrique de l’ouest, de Bloomfield Investment Corporation (BIC). Créée en 2007 par l’entrepreneur ivoirien Stanislas Zézé, BIC est une agence d’évaluation du risque de crédit, qui juge de la capacité d’une entreprise ou d’un État à rembourser sa dette – l’équivalent, pour l’Afrique centrale et de l’ouest, des célèbres agences de notation Moody’s ou Standard&Poors.

Il s’agit, en Afrique comme ailleurs, d’un acteur incontournable de la vie économique, la notation financière renforçant la transparence et la confiance des investisseurs et participant au développement de l’économie et des marchés financiers dans la région.

Tout n’était, cependant, pas gagné pour BIC, qui a dû faire preuve de pédagogie pour insuffler une culture, jusqu’alors quasi-inexistante en Afrique francophone, de la notation financière. Désormais présent dans vingt pays du continent, le groupe ambitionne de conquérir les 54 pays africains d’ici une dizaine d’années.

En attendant, il étoffe son offre, comme en témoigne le lancement à Abidjan, en janvier dernier, de Bloomfield Intelligence, une filiale dédiée à l’intelligence économique et financière. En Afrique aussi « les opérateurs économiques et les décideurs publics ont besoin de prendre des décisions éclairées », a justifié Stanislas Zézé à cette occasion.

L’Archer, un groupe financier innovant

Autre acteur financier qui monte dans la région, L’Archer se distingue en Afrique centrale par ses solutions financières spécifiquement conçues pour répondre aux besoins locaux. Fondé en 2020 par l’entrepreneur congolais Gilles Tchamba, L’Archer s’est rapidement imposé comme l’un des principaux intermédiaires financiers de la Communauté économique et monétaire e l’Afrique centrale (CEMAC).

Créé au lendemain de la pandémie de Covid-19, quand « les Etats et collectivités cherchaient de nouvelles sources de financement », se souvient M. Tchamba, le groupe a depuis organisé une trentaine d’opérations qui, ensemble, ont permis de lever 2 000 milliards de francs CFA.

Misant dans un premier temps sur l’intermédiation boursière, L’Archer s’est lancé en 2022 dans la gestion d’actifs et le conseil en investissements. S’appuyant sur sa fine connaissance des acteurs locaux, L’Archer Asset Management s’est attaché à développer des produits qui n’existaient pas sur le marché régional, remplissant le rôle de « passerelle » entre les besoins et les offres de financement. Non sans succès : « démarrés avec 3 milliards de francs CFA en gestion d’actifs, nous allons atteindre les 50 milliards d’ici à la fin de l’année 2024 », confiait l’année dernière son fondateur au magazine Jeune Afrique.

Désireux de contribuer au développement économique de la région et à l’inclusion financière de ses habitants, L’Archer propose par ailleurs des solutions innovantes, encore relativement rares en Afrique centrale et de l’ouest : plans épargne retraite, constitution de patrimoine, etc.

Et Gilles Tchamba ne compte manifestement pas en rester là, lui qui confesse volontiers que L’Archer « a une vocation panafricaine, voire mondiale. (…) Il y a encore tant à faire dans le système financier en Afrique centrale », s’enthousiasme le dirigeant.

AfricInvest mise sur la finance durable et responsable

En Afrique du Nord cette fois, c’est le groupe AfricInvest qui brille par son expertise en private equity. Acteur majeur de l’investissement à impact sur le continent, le groupe soutient « l’innovation, la création d’emplois et l’adoption de stratégies climatiques en ligne avec les Accords de Paris » – notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé ou de l’agro-industrie.

Fondé dans les années 1990, le groupe a déjà levé 2 milliards de dollars de fonds : autant d’investissements dans la croissance économique africaine, certes, mais prioritairement en faveur de pratiques commerciales responsables, qu’il s’agisse des questions de genre ou de préservation de l’environnement.