Depuis des mois, la coalition de Benyamin Netanyahou multiplie les réformes de fortune pour réduire les pouvoirs de la justice. Après le limogeage du chef des renseignements intérieurs en février, c’est désormais la procureure générale qui est dans le collimateur. « C’est une tentative de contrôler le dernier contre-pouvoir indépendant », accuse Tamar Zandberg, députée de l’opposition (parti Meretz). 

Netanyahou accusé de conflit d’intérêts

La procédure de destitution, qui devrait durer « au moins deux mois » selon des juristes, nécessite la création d’une commission spéciale. Problème : sa composition divise déjà la coalition gouvernementale, certains partenaires de Netanyahou refusant de cautionner une manœuvre perçue comme « politicienne ».

Le Premier ministre, visé par une enquête pour corruption, fraude et abus de confiance, est au cœur de la polémique. « Comment peut-il piloter la destitution de la procureure générale alors qu’elle supervise son propre dossier ? C’est une violation éhontée de l’éthique démocratique », s’indigne Shikma Bressler, figure du mouvement de protestation anti-gouvernemental. 

En 2023, Netanyahou avait déjà échappé à une suspension demandée par la Cour suprême, malgré son statut d’inculpé. Aujourd’hui, ses adversaires l’accusent de « saboter la justice pour éviter un procès ». « C’est une stratégie de survie politique, pas un projet national », résume un éditorial du Haaretz. 

Manifestations à Jérusalem : On défend l’État de droit

Face au bureau du Premier ministre, des milliers d’Israéliens ont battu le pavé dimanche soir, brandissant des drapeaux et des pancartes « Stop à la dictature ». Parmi eux, Dan, un manifestant de 45 ans : « Netanyahou veut transformer Israël en Hongrie ou en Turquie. Nous ne laisserons pas faire ! »

La colère gagne aussi les milieux juridiques. L’Association des avocats israéliens a menacé de « paralyser les tribunaux » en cas de destitution de la procureure. « Sans justice indépendante, Israël n’est plus une démocratie », tonne une déclaration signée par 200 magistrats. 

La destitution de Gali Baharav-Miara, nommée en 2022, suit un parcours complexe : la création d’une commission parlementaire déjà bloquée par des dissensions internes au gouvernement. Les Auditions publiques où la procureure devra répondre d’accusations floues de « partialité » et le Vote final à la Knesset nécessitant une majorité de 61 députés sur 120. 

« Cette manœuvre est illégale. Aucune loi ne permet de révoquer une procureure générale pour des motifs politiques », insiste Mordechai Kremnitzer, professeur de droit constitutionnel. En Israël même, des réservistes de l’armée menacent de refuser le service en signe de protestation.

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a échangé avec le président américain Joe Biden sur les progrès des négociations concernant les otages du #Hamas à Gaza. #Linfodrome #Israël #Gaza https://t.co/D7SDIE92Yb

— linfodrome.com (@Linfodrome) January 13, 2025